dimanche 29 avril 2007

Libertés des médias

Ce matin, Max Gallo se gausse de la phrase de François Bayrou: "Je n'en ai pas de preuve mais j'en ai la certitude." La phrase pourtant n'a rien d'absurde, et suppose que François Bayrou a eu des éléments positifs qui font preuve pour lui mais qu'il ne peut pas produire, comme une confidence qui ne serait pas assumée publiquement. Faute de quoi, ce qu'implique la déclaration du directeur général délégué de la chaîne, la déclaration de FB serait soit mensongère, soit relèverait d'une confusion entre conviction et certitude, étonnante de la part de quelqu'un qui nous a habitués à un usage scrupuleux de la langue française.

En tous cas, la phrase, comme l'insinuation faite par Ségolène Royale à propos de l'annulation du débat devant la PQR, a été maladroite: elles permettent des réponses outragées des responsables de médias mis en cause alors que, me semble-t-il, les témoignages assumés - et non plus des confidences - ne manquent pas de la propension de Nicolas Sarkozy à intimider les médias.

Cette propension - qui n'exclut pas le passage à l'acte (Alain Genestar, Joseph Macé-Scaron...) - semble bien connue du milieu journalistique, ce qui amènerait à penser que dans la plupart des cas la menace n'a plus besoin d'être explicite (il suffit, comme le dit Plantu, que son objet soit un peu "pétochard"). La menace la plus efficace, n'est-elle pas muette, intériorisée et devancée? (Voir aussi les commentaires sur mon billet "Mensonge?".)

A ce propos, j'ai trouvé ça, ce matin:

[Big Bang Blog] - Et maintenant, le débat Samizdat

L’autre jour, on parlait des médias russes, avec Youlia Kapustina, et de la manière dont ils se sont poutinisés, après leur intermède de liberté, sous Eltsine. Elle me disait qu’il n’y a jamais eu, ou très peu, d’interdiction pure et simple. Il y a toujours des raisons, techniques ou juridiques, pour lesquelles on ne peut pas dire ceci, ou cela. De très bonnes raisons, imparables, comme toujours les raisons techniques et juridiques. Et la Russie poutinienne regorge d’excellents techniciens, et de fins juristes.
A qui dirait que le parallèle est abusif, que la Russie n'est pas la France et que ça n'a rien à voir, je répondrais que j'ai cru pouvoir me rendre compte que, pour des raisons structurelles plus que culturelles, la situation post-soviétique n'est pas si radicalement éloignée qu'il semble de la situation française (et que si je n'en ai pas la preuve j'en ai la certitude). Mais je conviendrais que la comparaison de Daniel Schneiderman est grossièrement éxagérée: après tout, on ne tue pas les journalistes en France.

Dernière minute: j'avais loupé ça:

Alberto Toscano, correspondant de l'hebdomadaire italien «Panorama» à Libération hier:
Pas plus tard que ce matin, un journaliste de la télé m'a dit qu'il avait fait l'objet d'une mise en garde de l'entourage de Sarkozy, à propos du débat Bayrou-Royal. Je lui ai demandé si je pouvais rapporter cette information en citant son nom. Il m'a répondu : "N'écris rien... Je ne veux pas être cité."

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