dimanche 24 septembre 2006

Benoît XVI et l'Islam: analyses et réactions au discours de Ratisbonne

Repérages et analyses diverses mis sur Cercamon (impossible de poster sur Blogger hier matin):
  • Tariq Ramadan, dont j'ai d'abord lu le premier article cité dans l'IHT en anglais mais trouvé ensuite en français sur Oumma.com; la conclusion tirée par TR de cette affaire, sur quoi insiste particulièrement l'article du Monde, est de la nécessitée de réintégrer chrétiens, post-chrétiens et musulmans dans une histoire commune, soit celle que je soulignais l'autre jour à la suite d'un billet de Jean Baubérot - quel dommage que Tariq Ramadan soit le diable!
  • Rochdy Alili (voir note précédente sur RA: l'Islam paisible), qui fait une précise mise au point historique, concernant Manuel II Paléologue en particulier mais surtout le présupposé an-historique que la conversion par l'épée est une caractéristique essentielle de l'Islam, un peu plus énervé en conséquence par le pape que Ramadan;
  • Malik Chebel, plus critique (ou moins angélique ou moins euphémiste) à l'égard de la tradition musulmane et partant mieux veillant à l'égard de l'interpellation papale que Rochdy Alili ;
  • 2 clercs catholiques: le père Jean-Marie Gaudeul, père blanc, ancien responsable du Secrétariat pour les Relations avec l’Islam (Organisme de la Conférence Episcopale Française) et le père Samir Khalil Samir, jésuite, professeur d’islamologie et de la pensée arabe à l’Université Saint-Joseph (Beyrouth), qui était présent à la réunion de septembre 2005 à l'origine de la (petite) affaire Fessio;
  • divers intellectuels français: Henri Pena-Ruiz, Daniel Schneidermann, Robert Pollard et Jean-François Colosimo.
Mercredi Abdelwahab Meddeb était aux Matins de FC pour échanger sur l'affaire de Ratisbonne. Il a regretté que le pape ait exprimé des regrets. Ce qui me laisse songeur: je me demande si sa conviction laïciste ne l'entraîne pas dans des eaux qui ne sont pas les siennes. Quant au discours de Ratisbonne, l'interrogation initiale, celle des intentions du Pape, reste ouverte. Après une semaine, il me semble qu'il y a deux hypothèses possibles:
  • soit le Pape a été maladroit, il a oublié qu'il n'était plus le théologien Ratzinger et que le Pape n'était pas libre de son brain storming comme l'était l'universitaire, c'est l'hypothèse suggérée par le père Khalil Samir et elle est crédibilisée par ce que raconte le père Fessio de l'attachement du Pape à maintenir ses réunions académiques;
  • soit la provocation a été délibérée et (plus ou moins) soigneusement calculée, hypothèse en faveur apparemment dans la presse anglo-saxonne - dans cette hypothèse la vision des rapports entre la chrétienté et l'Islam sous-jacente reste fondamentalement antagoniste et les regrets exprimés sont de tactique.
Si la première hypothèse est la bonne, alors l'expression des regrets est naturelle. Si la seconde est la bonne, regretter les regrets du Pape, c'est regretter que l'antagonisme ne soit pas plus brutal. Je ne peux croire que ce serait là la position d'Abdelwahab Meddeb.

Ce même mercredi, Philippe Val, dans l'édito de Charlie-Hebdo, a donné son analyse qui est comme une longue brève de comptoir (une longue de comptoir) pas drôle et à quoi manquerait la grâce de l'ivresse.

Extraits:
La démocratie est née de l'athéisme. Tous les démocrates, évidemment, ne sont pas athées, mais, pour simplifier, on pourrait dire que c'est la part d'eux-mêmes qui nie qu'un dieu quelconque organise la société humaine qui les a convertis à la démocratie.
En réalité, d'un point de vue philosophique, on est en face de deux conceptions du monde:
1. Celle qui affirme que l'Univers est composé de deux substances distinctes, l'esprit et la matière. Il en découle tout ce qui justifie les dictatures, même celles qui, tels les communistes, se prétendent athées.
(On conçoit que du côté du matérialisme dogmatique, le discours du Pape ne soulève pas un intérêt exagéré: c'est un peu prise de tête!)

PS. Mis sur Cercamon un billet sur l'affaire Fessio, une sorte de répétition générale du discours de Ratisbonne.

(Je finis de poster ce billet en écoutant l'Esprit Public... Rémi Bourlanges plaide pour l'hypothèse 1 : Ratzinger pas encore assez Pape - et incidemment (courageusement?) reconnaît la pertinence de l'analyse de Ramadan, Max Gallo, contre lui, pour l'hypothèse 2: le Pape attaque et il a raison, ce qui n'étonnera personne.)

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