mardi 7 octobre 2003
dimanche 28 septembre 2003
Issyk-Kul
En cherchant des informations météorologiques pour préparer mon voyage, je trouve différentes choses intéressantes.
- Une polémique archéologique. L'information date de l'été 2002, 2 mois après ma première visite sur le lac Issyk-Kul. Là-haut, dans les Tianshan on aurait retrouvé les restes de l'apôtre Matthieu, dans les ruines d'un monastère immergé près de la rive nord du lac.
Ce qui m'a rappelé un accident de mémoire étrange & qui m'avait assez inquiété.
Liens:
- l'article de la Pravda annonçant la découverte controversée
- une synthèse sur les cités englouties du lac Issyk-Kul
- l'image mise en vignette est tirée de l'Atlas Catalan (1350, attribué à Cresques Abraham de Majorque) & représente le lac Issyk-Kul & le monastère "où le corps de saint Matthieu, apôtre & évangéliste, a été enseveli". Cliquer sur la vignette pour voir la planche entière. L'Atlas Catalan a fait l'objet d'une exposition BNF qui est toujours en ligne.
- Un journal de voyage au Kirghizstan, en français & en image.
- Une polémique archéologique. L'information date de l'été 2002, 2 mois après ma première visite sur le lac Issyk-Kul. Là-haut, dans les Tianshan on aurait retrouvé les restes de l'apôtre Matthieu, dans les ruines d'un monastère immergé près de la rive nord du lac.
Ce qui m'a rappelé un accident de mémoire étrange & qui m'avait assez inquiété.
Liens:
- l'article de la Pravda annonçant la découverte controversée
- une synthèse sur les cités englouties du lac Issyk-Kul
- l'image mise en vignette est tirée de l'Atlas Catalan (1350, attribué à Cresques Abraham de Majorque) & représente le lac Issyk-Kul & le monastère "où le corps de saint Matthieu, apôtre & évangéliste, a été enseveli". Cliquer sur la vignette pour voir la planche entière. L'Atlas Catalan a fait l'objet d'une exposition BNF qui est toujours en ligne.
- Un journal de voyage au Kirghizstan, en français & en image.
mercredi 24 septembre 2003
Turkmenistan
Retour du Turkménistan, je suis en partance pour le lac Issyk-Kul. Tout juste le temps de mettre quelques photos en ligne sur webshots. J'espère vous en donner plus bientôt.
samedi 13 septembre 2003
Trucmenistan
Demain matin, Cercamon part faire le malin au Trucmenistan (comme dit Yann). Retour le 22. D'après les infos que j'ai sur l'équipement internet, ça devrait vous faire une semaine de vacances!
vendredi 12 septembre 2003
Lexique dublinois
La suite des aventures dublinoises d'Anne prend la forme d'un lexique, richement illustré.
Attention! sur demande de l'autrice, les mots de passe ont été changés.
jeudi 11 septembre 2003
Deux textes de Christian Jacomino
Comme je ne reçois plus rien de Christian depuis un moment, il faut bien que j'aille les chercher sur la toile!
Sur Remue.net une intervention sur l'école & la lecture (qui enfonce le clou):
Voici l'histoire
Une école est inventée (instituée) pour enseigner à lire, partout et depuis toujours. Elle a pour but de permettre l'accès à des textes qui existent déjà. Dans une société traditionnelle, ce sont des textes sacrés ; dans une société moderne, on les appelle des classiques. La yeshiva a pour but d'enseigner à lire le Talmud ; l'école républicaine a pour but d'enseigner à lire V. Hugo et É. Zola. Puis, un jour, il arrive qu'on décide que les textes ne seront plus que des moyens (ou des 'supports'). On souhaite (ou l'on prétend) instituer une école où l'on apprendrait à s'exprimer, à inventer soi-même, dans la langue. Et si même on s'avise bientôt que cela ne marche pas, il se trouve qu'on s'obstine.
La suite... (dérouler: l'intervention de CJ est à mi-page, à peu près)
Sur Fabula, le portail des chercheurs en littérature, une note de lecture (Frontière du roman / I. Daunais) plus technique mais où se retrouvent les thèmes de sa recherche:
Que nous ne sachions guère mieux qu’Aristote expliquer (ou justifier ?) le sombre attrait qu’exerce sur nous la mimésis ne doit pas nous empêcher d’en admettre le fait et d’en décrire les mécanismes.
Agenda, pour finir: Christian fera une conférence "autour de Gaston Leroux" à l'auditorium de la BM de Nice (Louis Nucéra) le 11 octobre prochain à 15:00.
Philosophie & non-philosophie
Reçu ces jours-ci un mel de Didier Moulinier qui m'informe qu'il a ajouté cercamon.net à sa liste de sites.
Ce qui m'a été l'occasion de visiter Tuyau(3) le site de ce disciple de François Laruelle. Vaut le voyage. Entre autres on y trouve un lexique & index de Jacques Lacan bien utile & une masse de liens philosophiques (donnés sans commentaire ni évaluation, ce qui fait qu'on a un peu le vertige).
Ce qui m'a été l'occasion de visiter Tuyau(3) le site de ce disciple de François Laruelle. Vaut le voyage. Entre autres on y trouve un lexique & index de Jacques Lacan bien utile & une masse de liens philosophiques (donnés sans commentaire ni évaluation, ce qui fait qu'on a un peu le vertige).
mercredi 3 septembre 2003
Coût (pour les Américains) de la guerre en Irak
Niko Matsakis & Elias Vlanton, deux activistes-citoyens (citizen activists) américains ont créé un compteur du coût de la guerre américaine en Irak. Le compte est global mais il peut être détaillé par localité. Ils ont aussi calculé l'équivalent (somme globale ou partielle) en autres dépenses (écoles, logements sociaux, etc.). Le compteur global, qui s'incrémente en temps réel, est importable. Je l'ai mis sur la page d'accueil ici (cliquer sur "plus de détails" pour la pleine fonctionnalité). Très impressionnant.
lundi 1 septembre 2003
Presse: Cantat, OMC
L'article du Monde de samedi qui tire un bilan moralo-politique de l'affaire de Vilnius m'a semblé particulièrement nauséabond (réaction d'humeur). Je le lie pas!
La couverture médiatique de l'accord de l'OMC sur les produits pharmaceutiques est plutôt discrète (à lire les sites web), au moment où on commence tout de même à ce rendre compte que c'est à ce niveau qu'il y a des combats à mener. Peut-être parce que le bilan de cet accord n'est pas facile à tirer (cf. article de Libé). Ce devrait pourtant être une raison de plus d'en parler. Nos quotidiens préfèrent parler des difficultés de Ferry ou de Raffarin qui n'ont rien de scoops.
Modifié le lien vers l'observatoire des transnationales pour le faire pointer vers les actu (en français: celles en anglais, en espagnol ou en italien sont différentes).
La couverture médiatique de l'accord de l'OMC sur les produits pharmaceutiques est plutôt discrète (à lire les sites web), au moment où on commence tout de même à ce rendre compte que c'est à ce niveau qu'il y a des combats à mener. Peut-être parce que le bilan de cet accord n'est pas facile à tirer (cf. article de Libé). Ce devrait pourtant être une raison de plus d'en parler. Nos quotidiens préfèrent parler des difficultés de Ferry ou de Raffarin qui n'ont rien de scoops.
Modifié le lien vers l'observatoire des transnationales pour le faire pointer vers les actu (en français: celles en anglais, en espagnol ou en italien sont différentes).
samedi 30 août 2003
Posts du jour
Aujourd'hui plusieurs posts très longs! Comme il y a une certaine relation de conséquence entre certains, je conseille au lecteur intéressé de commencer par le premier d'entre eux en cliquant ici.
Cinquante ans de philosophie française
Sur le site de l'adpf (association pour la diffusion de la pensée française), au ministère des Affaires Etrangères, on peut trouver en libre déchargement, parmi d'autres, les quatre livrets "Cinquante ans de philosophie française" de Bernard Sichère, une synthèse brillante & utile.
Extrait:
"Ce que certains ont appelé non sans raison le “ nietzscheisme français ” des années soixante est moins une adhésion à la philosophie de Nietzsche qu’une manière de faire entendre la position nietzschéenne qui dans une polémique continuée avec Platon s’en prend à la “ volonté de vérité ”, voyant en l’homme le serf d’un langage qui bien au-delà de lui parle et veut, de forces qui le travaillent comme corps bien avant qu’il en prenne conscience comme sujet." (livret 2)
Extrait:
"Ce que certains ont appelé non sans raison le “ nietzscheisme français ” des années soixante est moins une adhésion à la philosophie de Nietzsche qu’une manière de faire entendre la position nietzschéenne qui dans une polémique continuée avec Platon s’en prend à la “ volonté de vérité ”, voyant en l’homme le serf d’un langage qui bien au-delà de lui parle et veut, de forces qui le travaillent comme corps bien avant qu’il en prenne conscience comme sujet." (livret 2)
Daniel C. Dennett: bright ?
Sur le site Edge.org, on trouve deux articles, l'un de DCD (publié le 12 juillet dernier dans le New York Times), l'autre de son ami biologiste anglais, Richard Dawkins, l'inventeur du meme (publié d'abord le 21 juin dernier dans The Guardian), qui font ensemble une sorte de manifeste pour un nouveau mouvement, le mouvement "bright".
De quoi s'agit-il? De créer, sur le modèle du mouvement gay, un mouvement pour la reconnaissance des droits des "brights". Mais d'abord, qu'est-ce qu'un "bright"?
Richard Dawkins: "un bright (brillant, éclairé) est une personne dont la conception du monde est libre d'éléments surnaturels ou mystiques. L'éthique & les actions d'un bright sont basées sur un conception du monde naturaliste."
Daniel Dennett: "Un bright est une personne avec une conception du monde naturaliste (au sens d'opposée à surnaturaliste). Nous brights ne croyons pas aux fantômes ou aux fées ou au Père Noël -- ou à Dieu. Nous sommes en désaccord sur beaucoup de choses s'agissant de morale, de politique ou du sens de la vie, mais nous partageons une mécréance dans la magie noire -- & dans la vie après la mort."
Bref il s'agit de défendre, aux Etats-Unis, les droits des athées & des agnostiques, pris comme une minorité. Le manifeste pourrait être compris comme une façon humoristique de poser le problème (après tout ce serait assez dans la manière de Dennett, cf. post du 25 août) mais il se trouve que le mouvement "bright" est une réaité, avec son site (www.the-brights.net) & ses procédures d'adhésion.
On peut prendre ce communautarisme des athées & des agnostiques comme un symptôme folklorique de plus de la dégénérescence de la culture américaine (voire avec un peu de malaise: je soupçonne que bon nombre de nos anti-américains se reconnaîtraient volontiers comme "brights" eux-mêmes). Je préfère y voir le symptôme d'une crise, sous sa forme américaine ici mais dont les enjeux ne sont pas limités aux EU (dans son interview pour Salon, Stephen Jay Gould caractérise le créationnisme comme an interesting phenomenon of American socio-cultural history, le post précédent montre que le créationnisme ne se limite pas son expansion au continent américain - quant à la conviction de SJG selon laquelle "and it's never going to be majoritarian", elle apparaît un peu optimiste - cf. infra).
S'agissant du contexte, inutile de s'apesantir sur le rôle joué auprès de l'administration W Bush par la droite religieuse wasp, juste deux faits moins connus:
- Selon un récent sondage, 48% de la population des Etats-Unis croit que le livre de la Genèse est vraie à la lettre. & 70% pense que la "science de la création" devrait être enseignée à l'école à côté de l'évolution (Dennett: DDI, 1995)
(Remarque: 48% est énorme, ça ne fait cependant pas la majorité. Les 70% sont au moins aussi impressionnants & ce qu'ils indiquent, c'est moins la prédominance d'un modèle religieux que d'une crise du statut de la science. Or les attendus du mouvement "bright" tendent à renforcer la confusion entre le domaine scientifique & celui des convictions métaphysiques, cf. infra.)
- Dans son article, Richard Dawkins rappelle que la mention "devant Dieu" ("under God") n'a été insérée dans le serment judiciaire popularisé par les fictions qu'en 1954, que de même la mention "in God we trust" sur les billets de banques n'a été insérée qu'en 1956.
L'article de Daniel Dennett a fait l'objet de plusieurs discussions:
- d'abord l'article-réponse de Jaron Lanier à la suite de ceux de Dawkins & de Dennett sur la page d'Edge,
- un échange entre DCD & Michael Rea, de l'Université Notre Dame,publié sur le site de ce dernier,
- un échange entre DCD & Jack Good, pasteur unitarien en retraîte, publié sur le site the-brights.net.
Les points en discussion sont pour l'essentiel:
- la confusion impliquée par Dennett entre le rationalisme & l'athéisme/agnosticisme,
- l'élitisme sous-tendant le mouvement qui se traduit notamment par le choix du terme "bright".
La réponse de Dennett à Jack Good me semble peu convaincante.
(à suivre)
De quoi s'agit-il? De créer, sur le modèle du mouvement gay, un mouvement pour la reconnaissance des droits des "brights". Mais d'abord, qu'est-ce qu'un "bright"?
Richard Dawkins: "un bright (brillant, éclairé) est une personne dont la conception du monde est libre d'éléments surnaturels ou mystiques. L'éthique & les actions d'un bright sont basées sur un conception du monde naturaliste."
Daniel Dennett: "Un bright est une personne avec une conception du monde naturaliste (au sens d'opposée à surnaturaliste). Nous brights ne croyons pas aux fantômes ou aux fées ou au Père Noël -- ou à Dieu. Nous sommes en désaccord sur beaucoup de choses s'agissant de morale, de politique ou du sens de la vie, mais nous partageons une mécréance dans la magie noire -- & dans la vie après la mort."
Bref il s'agit de défendre, aux Etats-Unis, les droits des athées & des agnostiques, pris comme une minorité. Le manifeste pourrait être compris comme une façon humoristique de poser le problème (après tout ce serait assez dans la manière de Dennett, cf. post du 25 août) mais il se trouve que le mouvement "bright" est une réaité, avec son site (www.the-brights.net) & ses procédures d'adhésion.
On peut prendre ce communautarisme des athées & des agnostiques comme un symptôme folklorique de plus de la dégénérescence de la culture américaine (voire avec un peu de malaise: je soupçonne que bon nombre de nos anti-américains se reconnaîtraient volontiers comme "brights" eux-mêmes). Je préfère y voir le symptôme d'une crise, sous sa forme américaine ici mais dont les enjeux ne sont pas limités aux EU (dans son interview pour Salon, Stephen Jay Gould caractérise le créationnisme comme an interesting phenomenon of American socio-cultural history, le post précédent montre que le créationnisme ne se limite pas son expansion au continent américain - quant à la conviction de SJG selon laquelle "and it's never going to be majoritarian", elle apparaît un peu optimiste - cf. infra).
S'agissant du contexte, inutile de s'apesantir sur le rôle joué auprès de l'administration W Bush par la droite religieuse wasp, juste deux faits moins connus:
- Selon un récent sondage, 48% de la population des Etats-Unis croit que le livre de la Genèse est vraie à la lettre. & 70% pense que la "science de la création" devrait être enseignée à l'école à côté de l'évolution (Dennett: DDI, 1995)
(Remarque: 48% est énorme, ça ne fait cependant pas la majorité. Les 70% sont au moins aussi impressionnants & ce qu'ils indiquent, c'est moins la prédominance d'un modèle religieux que d'une crise du statut de la science. Or les attendus du mouvement "bright" tendent à renforcer la confusion entre le domaine scientifique & celui des convictions métaphysiques, cf. infra.)
- Dans son article, Richard Dawkins rappelle que la mention "devant Dieu" ("under God") n'a été insérée dans le serment judiciaire popularisé par les fictions qu'en 1954, que de même la mention "in God we trust" sur les billets de banques n'a été insérée qu'en 1956.
L'article de Daniel Dennett a fait l'objet de plusieurs discussions:
- d'abord l'article-réponse de Jaron Lanier à la suite de ceux de Dawkins & de Dennett sur la page d'Edge,
- un échange entre DCD & Michael Rea, de l'Université Notre Dame,publié sur le site de ce dernier,
- un échange entre DCD & Jack Good, pasteur unitarien en retraîte, publié sur le site the-brights.net.
Les points en discussion sont pour l'essentiel:
- la confusion impliquée par Dennett entre le rationalisme & l'athéisme/agnosticisme,
- l'élitisme sous-tendant le mouvement qui se traduit notamment par le choix du terme "bright".
La réponse de Dennett à Jack Good me semble peu convaincante.
(à suivre)
Darwinisme & anti-darwinisme
Le mois dernier, lors d'une conversation sur le darwinisme (cf. mon post du 11 juillet), Muslim me site le nom de Harun Yahya. Je me suis souvenu avoir vu les livres de Harun Yahya dans les vitrines des librairies islamistes en haut de la rue Jean-Pierre Timbaud, à Paris.
Du coup, ma curiosité ranimée, je suis allé voir sur le net.
Harun Yahya est le pseudonyme d'un intellectuel islamiste turc, Adnan Oktar, né en 1956. On trouve sur son site de nombreux ouvrages en ligne & parmi eux spécialement ceux qui se vouent à la réfutation du darwinisme.
Dans ces ouvrages Harun Yahya utilise souvent les écrits de Stephen Jay Gould (mort l'année dernière), le biologiste bien connu en France (édité en Points-Seuil, notamment), qui a polémiqué avec Daniel C. Dennett lors de la publication de Darwin Dangerous Idea. Voir le compte rendu de ces échanges par DCD sur le site de Sundeep Dougal.
DCD interprète son désaccord avec STJ comme un effort d'ouverture vers les croyants (Gould’s persistent misrepresentations of evolutionary biology were motivated, I believe, by a sincere desire for peace between science and religion), comme une position de conciliation, Gould lui expliquait sa position, au contraire, comme une éviction radicale de toute téléologie (ie de toute interprétation de l'évolution en terme de progrès ou de finalité). Voir à ce sujet, par exemple, l'interview de Gould par Scott Rosenberg sur le site de Salon.
Il n'en resta pas moins que les objections de Gould au néo-darwinisme classique sont largement utilisées par les créationnistes, islamistes mais d'abord chrétiens. Phillip E. Johnson, professeur de droit à Berkeley & l'un des plus actifs créationnistes américains appelle Gould "le Gorbatchev du darwinisme".
Comme aurait dit Lacan: "où tu penses, tu n'es pas"!
(à suivre)
Du coup, ma curiosité ranimée, je suis allé voir sur le net.
Harun Yahya est le pseudonyme d'un intellectuel islamiste turc, Adnan Oktar, né en 1956. On trouve sur son site de nombreux ouvrages en ligne & parmi eux spécialement ceux qui se vouent à la réfutation du darwinisme.
Dans ces ouvrages Harun Yahya utilise souvent les écrits de Stephen Jay Gould (mort l'année dernière), le biologiste bien connu en France (édité en Points-Seuil, notamment), qui a polémiqué avec Daniel C. Dennett lors de la publication de Darwin Dangerous Idea. Voir le compte rendu de ces échanges par DCD sur le site de Sundeep Dougal.
DCD interprète son désaccord avec STJ comme un effort d'ouverture vers les croyants (Gould’s persistent misrepresentations of evolutionary biology were motivated, I believe, by a sincere desire for peace between science and religion), comme une position de conciliation, Gould lui expliquait sa position, au contraire, comme une éviction radicale de toute téléologie (ie de toute interprétation de l'évolution en terme de progrès ou de finalité). Voir à ce sujet, par exemple, l'interview de Gould par Scott Rosenberg sur le site de Salon.
Il n'en resta pas moins que les objections de Gould au néo-darwinisme classique sont largement utilisées par les créationnistes, islamistes mais d'abord chrétiens. Phillip E. Johnson, professeur de droit à Berkeley & l'un des plus actifs créationnistes américains appelle Gould "le Gorbatchev du darwinisme".
Comme aurait dit Lacan: "où tu penses, tu n'es pas"!
(à suivre)
Blogues
Blogues intéressants:
Mnémosyne, le blogue d'Alexandre, un étudiant québecois en histoire de l'art qui vient de passer trois mois à Bologne.
Les coups de langue de la grande rousse, québécoise, elle aussi, & passionnée de la langue française.
voir aussi quant aux blogues (la grande rousse préfère "cybercarnet"... lorsque je vivais au Québec, ce que j'aimais moi, c'était les solutions peu linguistiquement correctes: "beurre de pinottes", "bines en cannes"...):
Technorati, outil pour s'orienter dans le monde des blogues.
Mnémosyne, le blogue d'Alexandre, un étudiant québecois en histoire de l'art qui vient de passer trois mois à Bologne.
Les coups de langue de la grande rousse, québécoise, elle aussi, & passionnée de la langue française.
voir aussi quant aux blogues (la grande rousse préfère "cybercarnet"... lorsque je vivais au Québec, ce que j'aimais moi, c'était les solutions peu linguistiquement correctes: "beurre de pinottes", "bines en cannes"...):
Technorati, outil pour s'orienter dans le monde des blogues.
mercredi 27 août 2003
Le juste milieu selon Maïmonide
les hommes vertueux ne maintenaient pas leurs âmes dans une disposition d'équilibre absolu, mais ils penchaient un peu tantôt vers l'excès, tantôt vers le défaut, par mesure de précaution, je veux dire qu'ils s'écartaient un peu, par exemple, de la continence vers l'insensibilité...
S'il est vrai qu'à certaines époques quelques hommes vertueux penchèrent dans leur conduite vers l'un des extrêmes, s'imposèrent des jeûnes et des veilles, s'abstinrent de manger de la viande, de boire du vin, d'avoir commerce avec une femme, se vêtirent de laine et de poil, habitèrent les montagnes et se retirèrent dans les déserts, ils ne firent rien de tout cela qu'à titre de traitement, comme nous l'avons mentionné, et aussi en raison de la corruption des gens de la ville.
Moïse Maïmonide dans son introduction à la Michna Avot. Plus...
(La librairie Colbo est située rue Richer, non loin du faubourg Poissonnière, sur mon trajet quotidien pendant des années, lorsque je travaillais à la Bibbliothèque Nationale, rue de Richelieu. J'ai plusieurs fois acheté l'édition Colbo des Pirqé Avot parce que je voulais l'avoir avec moi ou pour l'offrir. Il existe deux éditions Colbo des PA. Dans l'une est adjoint au texte des PA celui des 8 chapitres de Moïse Maïmonide, son introduction à la Michna Avot, dont est extraite cette citation.)
S'il est vrai qu'à certaines époques quelques hommes vertueux penchèrent dans leur conduite vers l'un des extrêmes, s'imposèrent des jeûnes et des veilles, s'abstinrent de manger de la viande, de boire du vin, d'avoir commerce avec une femme, se vêtirent de laine et de poil, habitèrent les montagnes et se retirèrent dans les déserts, ils ne firent rien de tout cela qu'à titre de traitement, comme nous l'avons mentionné, et aussi en raison de la corruption des gens de la ville.
Moïse Maïmonide dans son introduction à la Michna Avot. Plus...
(La librairie Colbo est située rue Richer, non loin du faubourg Poissonnière, sur mon trajet quotidien pendant des années, lorsque je travaillais à la Bibbliothèque Nationale, rue de Richelieu. J'ai plusieurs fois acheté l'édition Colbo des Pirqé Avot parce que je voulais l'avoir avec moi ou pour l'offrir. Il existe deux éditions Colbo des PA. Dans l'une est adjoint au texte des PA celui des 8 chapitres de Moïse Maïmonide, son introduction à la Michna Avot, dont est extraite cette citation.)
mardi 26 août 2003
Altermondialisation: les bases
Un interview de Jean Ziegler sur le site de Courrier International (tombé dessus depuis Mots Pluriels).
Vérité post-moderne (précisions)
Pour ceux qui n'ont pas eu la patience de lire l'article de Dennett en anglais: le virus dont il s'agit est en réalité un meme (idée réplicative, sur le modèle du gène, concept inventé par Richard Dawkins vers 1976): l'idée que la science était une importation "coloniale" imposée, pas un substitut valable aux pratiques & croyances qui avaient amené ce pays sous-développé à son état présent.
(Il est dommage que la formulation laisse supposer que pour l'auteur la cause du sous-développement gît uniquement dans les "pratiques & croyances" des pays sous-développés, renforçant ainsi l'idée que son article combat, à savoir que l'idée de science & le discours qui l'accompagne sont essentiellement des outils de légitimation de la domination occidentale. cf. aussi la fin de ce post.)
L'article d'OutlookIndia est la version finale d'une intervention de Daniel C. Dennett au Congrès Mondial de Philosophie (XXth World Congress of Philosophy) en 1998, qu'on peut trouver également sur le site butterfliesandwheels.com. C'est une mise au point anti-relativiste dans la manière simple, presque naïve, mais claire, précise & scrupuleuse qui est celle de Dennett. Il contient une sorte de généalogie expresse de l'idée de vérité & du fait scientifique du point de vue évolutionniste dont je trouve l'expression lumineusement synthétique (en particulier s'agissant du rôle des mathématiques & de celui, à un autre niveau, de Platon).
Le point faible de l'article est dans l'(habile) introduction, dans sa façon de poser le danger du relativisme dans le mouvement d'exportation de l'Occident vers le Tiers-Monde, se privant ainsi de reconnaître en quoi il s'origine dans l'intrication occidentale de la science & de la technique, manquant par là d'indiquer la voie d'une critique non-relativiste de la notion occidentale (post-renaissance &/ou positiviste) de science.
(Il est dommage que la formulation laisse supposer que pour l'auteur la cause du sous-développement gît uniquement dans les "pratiques & croyances" des pays sous-développés, renforçant ainsi l'idée que son article combat, à savoir que l'idée de science & le discours qui l'accompagne sont essentiellement des outils de légitimation de la domination occidentale. cf. aussi la fin de ce post.)
L'article d'OutlookIndia est la version finale d'une intervention de Daniel C. Dennett au Congrès Mondial de Philosophie (XXth World Congress of Philosophy) en 1998, qu'on peut trouver également sur le site butterfliesandwheels.com. C'est une mise au point anti-relativiste dans la manière simple, presque naïve, mais claire, précise & scrupuleuse qui est celle de Dennett. Il contient une sorte de généalogie expresse de l'idée de vérité & du fait scientifique du point de vue évolutionniste dont je trouve l'expression lumineusement synthétique (en particulier s'agissant du rôle des mathématiques & de celui, à un autre niveau, de Platon).
Le point faible de l'article est dans l'(habile) introduction, dans sa façon de poser le danger du relativisme dans le mouvement d'exportation de l'Occident vers le Tiers-Monde, se privant ainsi de reconnaître en quoi il s'origine dans l'intrication occidentale de la science & de la technique, manquant par là d'indiquer la voie d'une critique non-relativiste de la notion occidentale (post-renaissance &/ou positiviste) de science.
Rwanda (suite)
Paul Kagame a été élu président de la république rwandaise hier. Général du FPR, il appartient à la minorité tutsie, cible du génocide de 1994. On estime que la population tutsie du Rwanda formait moins de 10% de la population totale avant le génocide & que 75% en a été massacré en 1994 (cf. Human Rights Watch).
Extrait de Une saison de machettes / Jean Hatzfeld, Le Seuil, 2003:
IGNACE: [...] Les Hutus de toutes sortes étaient soudain devenus frères patriotes sans plus aucune discorde politique. On ne jonglait plus avec les mots politiques. On n'était plus dans son "chacun chez soi". On accomplissait un boulot de commande. On se rangeait en file derrière la bonne volonté de tous. On s'assemblait sur le terrain de foot en bande de connaissance, et on allait en chasse par affinité.
Extrait de Une saison de machettes / Jean Hatzfeld, Le Seuil, 2003:
IGNACE: [...] Les Hutus de toutes sortes étaient soudain devenus frères patriotes sans plus aucune discorde politique. On ne jonglait plus avec les mots politiques. On n'était plus dans son "chacun chez soi". On accomplissait un boulot de commande. On se rangeait en file derrière la bonne volonté de tous. On s'assemblait sur le terrain de foot en bande de connaissance, et on allait en chasse par affinité.
lundi 25 août 2003
Vérité post-moderne: un article de Daniel C. Dennett
"Une histoire que vous n'avez probablement pas entendue jusqu'ici: une équipe de chercheurs américains ont involontairement introduit un virus dans un pays du Tiers-Monde qu'ils étudiaient. Experts dans leur domaine & avec les meilleures intentions, ils pensaient aider les populations qu'ils étudaient, ils ne s'étaient jamais sérieusement demandé si ce qu'ils faisaient pouvait avoir des effets négatifs..."
La suite, en anglais, dans un article de Daniel C. Dennett pour OutlookIndia.com.
La suite, en anglais, dans un article de Daniel C. Dennett pour OutlookIndia.com.
dimanche 24 août 2003
voyages
Mis à jour quelques pages du site, en particulier la page "voyages". Je n'ai mis en liens que de "vrais" journaux de voyage, en particulier le Virtual Field Trip to Tibet d'un groupe de géologue américains. Leur attention spéciale à la réalité géologique des paysages traversés donne à ce voyage une dimension concrète & un relief (dans tous les sens du mot) assez rares.
Remis à jour le lien vers les carnets indiens de Gérald Anfossi, enseignant niçois.
NB: Le site Uniterre.com tient un index de plus de 5200 carnets de voyage (souvent de simples albums photos cependant). Le référencement rapide est payant (1,68 €)!
Remis à jour le lien vers les carnets indiens de Gérald Anfossi, enseignant niçois.
NB: Le site Uniterre.com tient un index de plus de 5200 carnets de voyage (souvent de simples albums photos cependant). Le référencement rapide est payant (1,68 €)!
copinage (suite)
Reçu hier un mel de François Bon qui, grâce à Sitaudis, a découvert l'annonce que j'avais faite de son site il y a un peu plus de 2 ans. Pas un mot à retrancher de ce que je disais alors: Remue.net est toujours aussi touffu & abominablement riche, sinon les précisions apportée par FB dans son mel: "le côté “héros” que vous mentionnez dans votre page liens, c’est tout simple: on était déjà 2 ou 3 à travailler à ce site à l’époque de votre note, on est une dizaine maintenant, un peu partout y compris pas loin de Coaraze".
Remue.net a lui aussi inclus un blogue. D'après les archives il a été mis en route à peu près en même temps que le mien. Peut-être l'équipe de Remue.net a-t-elle été alertée de la possibilité par la même information: l'achat de Blogger par Google.
Au moins s'agissant des derniers posts, le blogue de Remue.net est très largement alimenté par Laurent Margantin, dont j'avais signalé le site, "D'autres espaces" (mais le site a migré depuis), en même temps que celui de FB. LM m'avait envoyé un mel rectifiant la présentation que j'avais faite de lui d'après CJ. Je n'arrive pas à remettre la main dessus! (à suivre)
Remue.net a lui aussi inclus un blogue. D'après les archives il a été mis en route à peu près en même temps que le mien. Peut-être l'équipe de Remue.net a-t-elle été alertée de la possibilité par la même information: l'achat de Blogger par Google.
Au moins s'agissant des derniers posts, le blogue de Remue.net est très largement alimenté par Laurent Margantin, dont j'avais signalé le site, "D'autres espaces" (mais le site a migré depuis), en même temps que celui de FB. LM m'avait envoyé un mel rectifiant la présentation que j'avais faite de lui d'après CJ. Je n'arrive pas à remettre la main dessus! (à suivre)
vendredi 22 août 2003
Rwanda
Tous les jours, depuis la fin juillet, de 11 heures à midi, sur France-Culture, Rwanda: le génocide oublié. Sur le coup, le titre m'a surpris, je l'ai trouvé un peu journalistique & puis, à y réfléchir, me suis rendu compte de sa pertinence. La dernière décennie du précédent siècle a été celle de la Bosnie, du Kosovo & du Rwanda, décennie de massacres. Le 11 septembre 2001 & la guerre américaine en Irak ont prématurément effacé ces évènements de l'écran de nos préoccupations. Et nous, Français, pouvons ainsi oublier, que dans chacun de ces massacres notre pays a été du côté des massacreurs.
J'avais signalé, au moment de sa sortie, le livre de Jean Hatzfeld: Dans le nu de la vie: récits des marais rwandais. Il vient de publier chez Denis Roche: Une saison de machettes, récits d'acteurs du génocide. Je ne l'ai pas encore lu. Le précédent était un très grand livre.
J'avais signalé, au moment de sa sortie, le livre de Jean Hatzfeld: Dans le nu de la vie: récits des marais rwandais. Il vient de publier chez Denis Roche: Une saison de machettes, récits d'acteurs du génocide. Je ne l'ai pas encore lu. Le précédent était un très grand livre.
vendredi 15 août 2003
Dublin, dernière minute
Suite à une demande de l'autrice, qui ne souhaite pas que son journal soit visible à tous sur le net, j'ai mis le journal dublinois d'Anne en accès restreint. Me contacter pour obtenir un mot de passe.
Dublin (suite)
Deuxième partie du journal dublinois d'Anne. Je n'ai pas découpé, comme précédemment, donc le fichier est plus long à charger, plus facile à imprimer.
copinage
Pierre Le Pillouër me fait de la pub sur Sitaudis. Un peu exagérée mais ça fait toujours plaisir. Comme il propose à ses lecteurs de s'inscrire à ma mailing-list (en réalité une compilation de mon carnet d'adresses - donc "très sélective & huppée"), je rajoute un lien ici à droite.
Pour Anne (cf. prochain post), qui aime la poésie gaélique & les bibliothèques: dans la même rubrique "excitations" de Sitaudis, est signalé un concours de poésie organisé par la Dún Laoghaire-Rathdown Public Library.
Pour Anne (cf. prochain post), qui aime la poésie gaélique & les bibliothèques: dans la même rubrique "excitations" de Sitaudis, est signalé un concours de poésie organisé par la Dún Laoghaire-Rathdown Public Library.
mardi 12 août 2003
Philosophes (suite): Pierre Hadot, Nietzsche & Platon
Lu ces jours-ci la petite Apologie de Socrate de Pierre Hadot aux éditions Allia.
2 très belles citations de Nietzsche (Hadot reconnait derrière la figure idéale que Nietzsche se dessine, celle de Socrate).
"Rien de plus joyeux (nicht fröhlicheres) ni de meilleur ne peut être accordé à l'homme que d'approcher de l'un de ces victorieux qui pour s'être adonnés aux pensées les plus profondes n'en aiment que mieux la réalité la plus vivante et qui vers la fin de leur vie sont assez sages pour s'intéresser surtout au beau (sich zum Schönen neigen)... Ils se meuvent et vivent vraiment... c'est pourquoi nous retrouvons enfin à leur contact une impression d'humanité & de naturel, & nous voudrions nous exclamer avec Goethe: 'Quelle chose magnifique & délicieuse qu'un être vivant! Qu'il est bien adapté (abgemessen) à sa condition, qu'il est vrai, qu'il est existant! (wie seiend!)'"
(Considérations inactuelles. Schopenhauer comme éducateur, §2. Trad. de Geneviève Bianquis - les mots en italique sont une citation de Hölderlin, Socrate & Alcibiade)
"Le Génie du Coeur, tel que le possède ce grand Mystérieux, ce dieu tentateur, né pour être le charmeur de rats des consciences, dont la voix sait descendre jusqu'au monde souterrain de chaque âme... qui ne dit pas un mot, ne jette pas un regard, où ne se cache une intention secrète de séduire... le Génie du Coeur, qui impose silence aux braillards & aux fats & leur enseigne à écouter, qui polit les âmes rugueuses & leur fait goûter un désir nouveau, celui de demeurer lisses & immobiles comme un miroir pour refléter le ciel profond... Après son attouchement, chacun repart enrichi, non d'un présent reçu par grâce ou par surprise, ni d'une félicité étrangère dont il se sentirait oppressé, mais plus riche de soi-même, renouvelé à ses propres yeux... caressé & mis à nu par le souffle tiède du dégel, eut-être aussi plus incertain, plus vulnérable, plus fragile, plus brisé, plein d'espérances qui n'ont pas encore de nom."
(Ecce Homo, Pourquoi j'écris de si bons livres, § 6. Trad. G. Bianquis & Robert Pitrou)
Il est impossible de ne pas aimer Nietzsche!
2 très belles citations de Nietzsche (Hadot reconnait derrière la figure idéale que Nietzsche se dessine, celle de Socrate).
"Rien de plus joyeux (nicht fröhlicheres) ni de meilleur ne peut être accordé à l'homme que d'approcher de l'un de ces victorieux qui pour s'être adonnés aux pensées les plus profondes n'en aiment que mieux la réalité la plus vivante et qui vers la fin de leur vie sont assez sages pour s'intéresser surtout au beau (sich zum Schönen neigen)... Ils se meuvent et vivent vraiment... c'est pourquoi nous retrouvons enfin à leur contact une impression d'humanité & de naturel, & nous voudrions nous exclamer avec Goethe: 'Quelle chose magnifique & délicieuse qu'un être vivant! Qu'il est bien adapté (abgemessen) à sa condition, qu'il est vrai, qu'il est existant! (wie seiend!)'"
(Considérations inactuelles. Schopenhauer comme éducateur, §2. Trad. de Geneviève Bianquis - les mots en italique sont une citation de Hölderlin, Socrate & Alcibiade)
"Le Génie du Coeur, tel que le possède ce grand Mystérieux, ce dieu tentateur, né pour être le charmeur de rats des consciences, dont la voix sait descendre jusqu'au monde souterrain de chaque âme... qui ne dit pas un mot, ne jette pas un regard, où ne se cache une intention secrète de séduire... le Génie du Coeur, qui impose silence aux braillards & aux fats & leur enseigne à écouter, qui polit les âmes rugueuses & leur fait goûter un désir nouveau, celui de demeurer lisses & immobiles comme un miroir pour refléter le ciel profond... Après son attouchement, chacun repart enrichi, non d'un présent reçu par grâce ou par surprise, ni d'une félicité étrangère dont il se sentirait oppressé, mais plus riche de soi-même, renouvelé à ses propres yeux... caressé & mis à nu par le souffle tiède du dégel, eut-être aussi plus incertain, plus vulnérable, plus fragile, plus brisé, plein d'espérances qui n'ont pas encore de nom."
(Ecce Homo, Pourquoi j'écris de si bons livres, § 6. Trad. G. Bianquis & Robert Pitrou)
Il est impossible de ne pas aimer Nietzsche!
Philosophes: Onfray, Jankelevitch, Platon
Hier soir, Michel Onfray fait son cours sur le Philèbe. Il n'aime pas Platon, celui-là!
Dans ses programmes d'été, France-Culture nous offre quotidiennement deux paroles philosophiques: des cours de Vladimir Jankélévitch à la Sorbonne autour de 1960, de 13:30 à 14:30, le cours de Michel Onfray sur l'hédonisme antique à son Université populaire de Caen, de 19:00 à 20:00 (1). Nous sommes à mi-course. Au moment où la chaleur prend possession de la cour, où l'on songe à couper les tomates ou le melon, la parole extraordinaire de Vladimir Jankélévitch (2) résonne à tous les étages du Jonquet!
L'autre jour Jankélévitch me fait comprendre une chose simple: il parle sur le ton de l'évidence de la "métaphore de la réminiscence" dans le Théétète. Ben oui: idées, réminiscence, des métaphores!
Platon est le philosophe qu'on nous a fait le plus étudier en terminale. J'en suis sorti avec toute cette mythologie bizarre des idées & des réminiscences. Pas grand chose qui pût répondre à mon désir de vérité. Il m'a fallu un long détour par les platoniciens de Perse puis le livre de M.D. Richard sur l'Enseignement oral de Platon pour comprendre que le Platon de nos cours de philosophie était en grande part un monstre, la création d'un système à partir d'oeuvres qui n'étaient destinées qu'à éveiller & non à enseigner.
La réminiscence platonicienne est une métaphore, une façon de réfuter la thèse sensualiste, dont Onfray dans une de ces séances qu'elle était "évidemment". "Evidemment, il n'est rien que nous pensions qui ne soit d'abord passé par nos sens." prenant la doxa contemporaine pour la lumière advenue. Et finalement la réminiscence platonicienne n'est pas très loin de l'a priori kantien (philosophes de profession, pardonnez si j'enfile des évidences).
Bref, philosophes dilettantes, chaque jour, si vous n'êtes pas en route, de 13:30 à 14:30 & de 19 à 20 heures.
(à suivre)
Dans ses programmes d'été, France-Culture nous offre quotidiennement deux paroles philosophiques: des cours de Vladimir Jankélévitch à la Sorbonne autour de 1960, de 13:30 à 14:30, le cours de Michel Onfray sur l'hédonisme antique à son Université populaire de Caen, de 19:00 à 20:00 (1). Nous sommes à mi-course. Au moment où la chaleur prend possession de la cour, où l'on songe à couper les tomates ou le melon, la parole extraordinaire de Vladimir Jankélévitch (2) résonne à tous les étages du Jonquet!
L'autre jour Jankélévitch me fait comprendre une chose simple: il parle sur le ton de l'évidence de la "métaphore de la réminiscence" dans le Théétète. Ben oui: idées, réminiscence, des métaphores!
Platon est le philosophe qu'on nous a fait le plus étudier en terminale. J'en suis sorti avec toute cette mythologie bizarre des idées & des réminiscences. Pas grand chose qui pût répondre à mon désir de vérité. Il m'a fallu un long détour par les platoniciens de Perse puis le livre de M.D. Richard sur l'Enseignement oral de Platon pour comprendre que le Platon de nos cours de philosophie était en grande part un monstre, la création d'un système à partir d'oeuvres qui n'étaient destinées qu'à éveiller & non à enseigner.
La réminiscence platonicienne est une métaphore, une façon de réfuter la thèse sensualiste, dont Onfray dans une de ces séances qu'elle était "évidemment". "Evidemment, il n'est rien que nous pensions qui ne soit d'abord passé par nos sens." prenant la doxa contemporaine pour la lumière advenue. Et finalement la réminiscence platonicienne n'est pas très loin de l'a priori kantien (philosophes de profession, pardonnez si j'enfile des évidences).
Bref, philosophes dilettantes, chaque jour, si vous n'êtes pas en route, de 13:30 à 14:30 & de 19 à 20 heures.
(à suivre)
lundi 4 août 2003
dubliner
Lors de mon dernier passage à Paris, Anne & moi avons déjeuné à la terrasse de ce qui se prétend le premier restaurant indien de Paris, sur une petite place en pente, entre la Place Blanche & ND de Lorette. Nous parlions du prochain départ d'Anne pour Dublin & des journaux de voyage. Inutile de dire que j'encourageais Anne à en tenir un, ce qu'elle aurait sans doute fait de toutes façons. En tous cas je dois à cette conversation la première livraison de ce voyage, reçue dimanche avec ce "prière d'insérer":
"sois indulgent car, comme tu le sais "Is deacair ceann crionna a chur ar cholainn oig" (It is difficult to put a wise head on young shoulders)"
"sois indulgent car, comme tu le sais "Is deacair ceann crionna a chur ar cholainn oig" (It is difficult to put a wise head on young shoulders)"
dimanche 27 juillet 2003
Information technique: archives du blogue
Les liens vers les archives ne fonctionnent pas ou mal. Mais je suis en vacances depuis hier. Je vais m'en occuper.
(Pardon pour la vacuité de ce post: c'est pour faire un essai d'archivage!)
(Pardon pour la vacuité de ce post: c'est pour faire un essai d'archivage!)
dimanche 20 juillet 2003
Des nouvelles des îles
Anne, qui part aujourd'hui pour Dublin, avait envoyé l'adresse de mon blogue à Christophe, primatologue dans des îles du nord-ouest indonésien. En retour elle a reçu cette photo:
Légende: "C'est un couple Minangkabau, l'ethnie dominante de Ouest Sumatra, qui tient un petit hotel dans la cambrousse, un endroit ou l'on s'est retrouvé pour tourner les singes. Ils étaient adorables ces petits vieux, comme si on était d'emblée chez papi et mami à 15 000 km de chez soi."
Christophe étudie les macaques sur l'île de Siberut, dans le cadre d'un projet (d'origine allemande, si j'ai bien compris): le Siberut Conservation Project. Il a mis en ligne, sur le site "Econautes", un journal de voyage qui raconte la problématique écologique de ses îles, comme il l'avait fait un soir chez Armelle.
Cliquez sur les liens & vous voyagerez, un peu, dans les îles - malheureusement, Christophe n'a pas (encore?) déposé les histoires de fantômes qu'il m'avait offertes ce soir-là.
Légende: "C'est un couple Minangkabau, l'ethnie dominante de Ouest Sumatra, qui tient un petit hotel dans la cambrousse, un endroit ou l'on s'est retrouvé pour tourner les singes. Ils étaient adorables ces petits vieux, comme si on était d'emblée chez papi et mami à 15 000 km de chez soi."
Christophe étudie les macaques sur l'île de Siberut, dans le cadre d'un projet (d'origine allemande, si j'ai bien compris): le Siberut Conservation Project. Il a mis en ligne, sur le site "Econautes", un journal de voyage qui raconte la problématique écologique de ses îles, comme il l'avait fait un soir chez Armelle.
Cliquez sur les liens & vous voyagerez, un peu, dans les îles - malheureusement, Christophe n'a pas (encore?) déposé les histoires de fantômes qu'il m'avait offertes ce soir-là.
mercredi 16 juillet 2003
L'affaire Winckler
Je ne sais pas dans quelle mesure je n'enfonce pas des portes ouvertes ici... mais tant pis, ça ne peut pas faire de mal.
Martin Winckler a beaucoup de titres à susciter la sympathie:
- d'abord il est médecin. Un médecin, à condition de n'être pas cynique ni arrogant, est sympathique. Or Martin Winckler n'est pas cynique ni arrogant.
- ensuite il est écrivain, publié par un éditeur honorable. Il est devenu connu du public (vous, moi) par son roman, la Maladie de Sachs.
- cela n'aurait pas suffi pour moi, sans doute, si Martin Winckler n'était de surcroît un amateur de séries télévisées, de séries américaines en particulier.
- enfin il est un défenseur du logiciel libre (autre lien).
(Il y en a encore d'autres titres à la sympathie mais je fais court...)
Martin Winckler est donc sympathique & à ce titre il bénéficiait d'une chronique régulière nommée "Odyssée" (ce qui non plus n'est pas antipathique) sur France-Inter. Or, m'apprend Hervé Le Crosnier, sur sa liste de diffusion biblio-fr, la chronique de Winckler vient d'être brutalement supprimée & orwelliennement (enfin pas tout à fait, cf. la page orpheline toujours consultable) éradiquée du site de Radio-France. Pourquoi? pour avoir traité, lui médecin, des pratiques de l'industrie pharmaceutique, de façon un peu critique (il semble que Jean-Luc Hees lui ait surtout reproché d'avoir parlé en tant que médecin, brisant ainsi un pacte oral ou tacite).
Un point sur l'affaire Winckler chez Terre d'escale.
Les commentaire (+ liens) sur linuxfr.org.
(Je ne suis pas un auditeur de France-Inter, je ne l'écoute que lorsque ce qui passe sur France-Cul me fait chier et/ou que repasse la boucle des infos de France-Info. Je n'aime pas le ton (& le fond) assez exactement "politiquement correct" de FI... Ce n'est donc pas comme auditeur lésé que je fais passer l'info, c'est par sympathie & peut-être aussi, un peu, par malice...)
Martin Winckler a beaucoup de titres à susciter la sympathie:
- d'abord il est médecin. Un médecin, à condition de n'être pas cynique ni arrogant, est sympathique. Or Martin Winckler n'est pas cynique ni arrogant.
- ensuite il est écrivain, publié par un éditeur honorable. Il est devenu connu du public (vous, moi) par son roman, la Maladie de Sachs.
- cela n'aurait pas suffi pour moi, sans doute, si Martin Winckler n'était de surcroît un amateur de séries télévisées, de séries américaines en particulier.
- enfin il est un défenseur du logiciel libre (autre lien).
(Il y en a encore d'autres titres à la sympathie mais je fais court...)
Martin Winckler est donc sympathique & à ce titre il bénéficiait d'une chronique régulière nommée "Odyssée" (ce qui non plus n'est pas antipathique) sur France-Inter. Or, m'apprend Hervé Le Crosnier, sur sa liste de diffusion biblio-fr, la chronique de Winckler vient d'être brutalement supprimée & orwelliennement (enfin pas tout à fait, cf. la page orpheline toujours consultable) éradiquée du site de Radio-France. Pourquoi? pour avoir traité, lui médecin, des pratiques de l'industrie pharmaceutique, de façon un peu critique (il semble que Jean-Luc Hees lui ait surtout reproché d'avoir parlé en tant que médecin, brisant ainsi un pacte oral ou tacite).
Un point sur l'affaire Winckler chez Terre d'escale.
Les commentaire (+ liens) sur linuxfr.org.
(Je ne suis pas un auditeur de France-Inter, je ne l'écoute que lorsque ce qui passe sur France-Cul me fait chier et/ou que repasse la boucle des infos de France-Info. Je n'aime pas le ton (& le fond) assez exactement "politiquement correct" de FI... Ce n'est donc pas comme auditeur lésé que je fais passer l'info, c'est par sympathie & peut-être aussi, un peu, par malice...)
vendredi 11 juillet 2003
A propos de Darwin
Sur le site (privé) de Merline, il y a quelque part, en exergue, cette citation d'un psychanalyste anglais (Adam Phillips):
"Pourquoi Darwin est-il plus radical que Freud ? Freud s'inscrit dans une tradition où on raconte sa vie comme une histoire, avec des conflits, des échecs et des succès. Chez lui, on trouve la recherche du plaisir et l'évitement de la souffrance; il me semble qu'il y a quelque chose de curieusement consolant là-dedans. Il y a aussi un désir inconscient, quelque chose qui nous fait avancer. Pour lui, la vie est fascinante et pleine de sens. Tandis que Darwin nous dit simplement : «Nous survivons afin de nous reproduire. Il n'y a pas d'autre projet», et cela fait de notre vie quelque chose d'absolument contingent, accidentel et insignifiant. Du coup, toutes nos idées sur le progrès, l'espoir, le sens de la vie, sont radicalement changées. Pour Darwin, que nous souffrions ou non n'a pas d'importance. Il n'y a rien qui nous fasse avancer, sauf ce projet très basique : survivre. Mais tous les deux parlent de ce que cela implique de vivre sans l'idée de Dieu." (Libération du 26.09.2002)
Je dois dire quelque chose là.
Le livre de Daniel Dennett, Darwin dangerous idea, qui a été mon livre de chevet, il y a quelques années, montre que le sens de l'entreprise darwinienne est plus radical que ça & que Darwin ne nous dit pas: «Nous survivons afin de nous reproduire. Il n'y a pas d'autre projet». Il montre au contraire qu'il n'est besoin d'aucune finalité, d'aucun projet, absolument, pour rendre compte de la réalité. Et ça change tout, en particulier ça ne laisse pas de place aux dérives du darwinisme social et, non, nous ne sommes pas sur terre pour nous reproduire (simplement, une forme biologique qui ne se reproduit pas disparaît & donc les formes biologiques qui subsistent ont tendance à se reproduire, il n'y a là nul projet).
Ce qui est amusant, c'est le tournant pascalien que peut prendre ce matérialisme radical: pour le croyant ou comment dire? pour qui le mot "Dieu" n'est pas un mot de trop, il n'y a pas dans cette démonstration une preuve athéiste mais un moyen de purifier l'idée du divin, de mettre ce qu'elle vise à sa vraie place, au fondement ultime de la réalité, avant toute médiation (et dans toute médiation,etc.). C'est encore trop peu dire. Il y a dans cette démonstration d'un philosophe sans doute athée une efficacité apologétique mystérieuse & réjouissante.
Pour se renseigner sur Dennett, utiliser la fenêtre de recherche à droite: "Daniel Dennett" ou "Darwin dangerous idea".
"Pourquoi Darwin est-il plus radical que Freud ? Freud s'inscrit dans une tradition où on raconte sa vie comme une histoire, avec des conflits, des échecs et des succès. Chez lui, on trouve la recherche du plaisir et l'évitement de la souffrance; il me semble qu'il y a quelque chose de curieusement consolant là-dedans. Il y a aussi un désir inconscient, quelque chose qui nous fait avancer. Pour lui, la vie est fascinante et pleine de sens. Tandis que Darwin nous dit simplement : «Nous survivons afin de nous reproduire. Il n'y a pas d'autre projet», et cela fait de notre vie quelque chose d'absolument contingent, accidentel et insignifiant. Du coup, toutes nos idées sur le progrès, l'espoir, le sens de la vie, sont radicalement changées. Pour Darwin, que nous souffrions ou non n'a pas d'importance. Il n'y a rien qui nous fasse avancer, sauf ce projet très basique : survivre. Mais tous les deux parlent de ce que cela implique de vivre sans l'idée de Dieu." (Libération du 26.09.2002)
Je dois dire quelque chose là.
Le livre de Daniel Dennett, Darwin dangerous idea, qui a été mon livre de chevet, il y a quelques années, montre que le sens de l'entreprise darwinienne est plus radical que ça & que Darwin ne nous dit pas: «Nous survivons afin de nous reproduire. Il n'y a pas d'autre projet». Il montre au contraire qu'il n'est besoin d'aucune finalité, d'aucun projet, absolument, pour rendre compte de la réalité. Et ça change tout, en particulier ça ne laisse pas de place aux dérives du darwinisme social et, non, nous ne sommes pas sur terre pour nous reproduire (simplement, une forme biologique qui ne se reproduit pas disparaît & donc les formes biologiques qui subsistent ont tendance à se reproduire, il n'y a là nul projet).
Ce qui est amusant, c'est le tournant pascalien que peut prendre ce matérialisme radical: pour le croyant ou comment dire? pour qui le mot "Dieu" n'est pas un mot de trop, il n'y a pas dans cette démonstration une preuve athéiste mais un moyen de purifier l'idée du divin, de mettre ce qu'elle vise à sa vraie place, au fondement ultime de la réalité, avant toute médiation (et dans toute médiation,etc.). C'est encore trop peu dire. Il y a dans cette démonstration d'un philosophe sans doute athée une efficacité apologétique mystérieuse & réjouissante.
Pour se renseigner sur Dennett, utiliser la fenêtre de recherche à droite: "Daniel Dennett" ou "Darwin dangerous idea".
jeudi 10 juillet 2003
Mobilier Ming
L'exposition "Ming, l'âge d'or du mobilier chinois", au Musée Guimet se termine le 14 juillet. Je ne la verrai donc pas. J'ai incité Anne à y aller voir. Elle m'en renvoie un petit rapport:
"te dire que je suis allée voir l'expo sur le mobilier Ming qui est très belle. Je ne peux pas tout te raconter, mais j'ai quand même consigné une petite anecdote pour toi. Comme tu le sais peut-être, le bambou occupe une place primordiale dans l'imaginaire des lettrés et des artistes Ming. Les peintres Yuan (1279-1368) notamment s'identifient à cet arbre dont le tronc rigide mais souple leur rappelle leur propre condition : obligés de plier le genou devant l'occupant mongol, ils ne renient jamais leur propres valeurs.
Enfin, c'est qq chose du genre, mais il est possible que j'aie tout mélangé : does it make sense to u ?"
Parisiens, allez-y si vous ne l'avez déjà fait!
Pour les autres, qui comme moi ne le peuvent, l'adresse net du musée Guimet:
http://www.museeguimet.fr/pages/page_id18643_u1l2.htm
(où l'on trouve des dossiers de presse instructifs en format pdf)
"te dire que je suis allée voir l'expo sur le mobilier Ming qui est très belle. Je ne peux pas tout te raconter, mais j'ai quand même consigné une petite anecdote pour toi. Comme tu le sais peut-être, le bambou occupe une place primordiale dans l'imaginaire des lettrés et des artistes Ming. Les peintres Yuan (1279-1368) notamment s'identifient à cet arbre dont le tronc rigide mais souple leur rappelle leur propre condition : obligés de plier le genou devant l'occupant mongol, ils ne renient jamais leur propres valeurs.
Enfin, c'est qq chose du genre, mais il est possible que j'aie tout mélangé : does it make sense to u ?"
Parisiens, allez-y si vous ne l'avez déjà fait!
Pour les autres, qui comme moi ne le peuvent, l'adresse net du musée Guimet:
http://www.museeguimet.fr/pages/page_id18643_u1l2.htm
(où l'on trouve des dossiers de presse instructifs en format pdf)
Envoi d'Anne: Jenny Joseph
Un poème, très populaire en terres anglo-saxonnes, de Jenny Joseph, envoyé par Anne:
WARNING
When I am an old woman I shall wear purple
With a red hat which doesn't go, and doesn't suit me,
And I shall spend my pension on brandy and summer gloves
And satin sandals, and say we've no money for butter.
I shall sit down on the pavement when I'm tired
And gobble up samples in shops and press alarm bells
And run my stick along the public railings
And make up for the sobriety of my youth.
I shall go out in my slippers in the rain
And pick the flowers in other people's gardens
And learn to spit.
You can wear terrible shirts and grow more fat
And eat three pounds of sausages at a go
Or only bread and pickle for a week
And hoard pens and pencils and beermats and things in boxes.
But now we must have clothes that keep us dry
And pay our rent and not swear in the street
And set a good example for the children.
We must have friends to dinner and read the papers.
But maybe I ought to practise a little now ?
So people who know me are not too shocked and surprised
When suddenly I am old, and start to wear purple.
WARNING
When I am an old woman I shall wear purple
With a red hat which doesn't go, and doesn't suit me,
And I shall spend my pension on brandy and summer gloves
And satin sandals, and say we've no money for butter.
I shall sit down on the pavement when I'm tired
And gobble up samples in shops and press alarm bells
And run my stick along the public railings
And make up for the sobriety of my youth.
I shall go out in my slippers in the rain
And pick the flowers in other people's gardens
And learn to spit.
You can wear terrible shirts and grow more fat
And eat three pounds of sausages at a go
Or only bread and pickle for a week
And hoard pens and pencils and beermats and things in boxes.
But now we must have clothes that keep us dry
And pay our rent and not swear in the street
And set a good example for the children.
We must have friends to dinner and read the papers.
But maybe I ought to practise a little now ?
So people who know me are not too shocked and surprised
When suddenly I am old, and start to wear purple.
dimanche 6 juillet 2003
Lecture: Nietzsche et son père
Lu ce matin Nietzsche et son père de Frédéric Pajak, publié il y a deux mois aux PUF. C'est un petit livre de moins de 100 pages qui se lit d'un trait, délicieux d'intelligence & de liberté d'écriture. Conseil de lecture, donc. Je le prête à qui veut qui soit à portée du Jonquet!
samedi 14 juin 2003
alexandrins
17:45.- Deux alexandrins donnés par une courte sieste tout à l'heure:
Ne croyez pas surtout que ce fût son office
S'il fut le mauvais diable de cette nuit propice
(Le 1er est reconstitué: ta ta ta, ta ta ta, que ce fût son office)
J'aime bien l'assonance "riche" de la rime. C'est le jeune Eric, du "70 Show" qui déclame ça, arrivant de voyage, & il explique à sa bande, interloquée*, qu'il revient de Paris. Je crois d'abord que c'est du Shakespeare, traduit, mais c'est du Victor Hugo (pour le rêve!).
*Interloquée, parce que la série est en version originale.
Ne croyez pas surtout que ce fût son office
S'il fut le mauvais diable de cette nuit propice
(Le 1er est reconstitué: ta ta ta, ta ta ta, que ce fût son office)
J'aime bien l'assonance "riche" de la rime. C'est le jeune Eric, du "70 Show" qui déclame ça, arrivant de voyage, & il explique à sa bande, interloquée*, qu'il revient de Paris. Je crois d'abord que c'est du Shakespeare, traduit, mais c'est du Victor Hugo (pour le rêve!).
*Interloquée, parce que la série est en version originale.
mercredi 11 juin 2003
Quelques photos plus personnelles que celles déposées sur Webshots:
http://michel.p.roland.free.fr/voyages/mag/Ma_gueule___.html
http://michel.p.roland.free.fr/voyages/mag/Ma_gueule___.html
lundi 9 juin 2003
Dimanche, 16:00.- Journée parfaite de juin. Il fait très chaud dehors mais la maison est fraîche. Elle se réchauffera assez pour rendre la soirée douce & la nuit suffira à la rafraîchir pour demain. J'essaie de faire un peu de sieste mais je ne trouve pas le sommeil malgré la fatigue. Peut-être parce que j'ai pris pour commencer ma sieste le livre de Lacorne (cf. infra) qui correspond trop bien à ce qui me tourne dans la tête.
Mes pensées dérivent & je pense au film regardé hier soir: Un monde parfait (A perfect World) / Clint Eastwood. J'aime décidément les films d'Eastwood. J'ai commencé à m'en rendre compte lorsque nous avons loué Minuit dans le jardin du bien & du mal l'année dernière. Depuis quelques mois on trouve pour moins de10 € les films (l'intégrale?) de CE en DVD. Alors de temps en temps j'en achète une paire. Il paraît que son dernier film, celui qu'il a présenté à Cannes, est décevant, à demi raté... On verra bien.
En même temps, c'est mon blogue qui me tient éveillé. Je me demande comment utiliser pertinemment cet outil. Pour ma veille technologique, ça ne pose pas de problème essentiel, juste des problèmes techniques (structuration & capitalisation des informations) qu'on devrait régler sur le site de veille de Couperin. Ici je suis plus emmerdé, ce que j'ai fait jusqu'à présent ne me satisfait pas.
B. me demande: "Pourquoi ne mets-tu pas tes carnets en ligne?". Je ne lui ai pas répondu: "parce que je n'écris plus de carnets". Ce n'aurait été que partiellement vrai: si je n'écris plus de carnets, ce n'est pas seulement parce que je n'ai plus le temps ou la liberté d'esprit, c'est aussi parce que je ne les mettais pas en ligne.
Il y a, me semble, une nécessaire composante narcissique à l'exercice du blogue, et ce d'autant plus qu'il ne se donne pas d'objet a priori. (C'est d'ailleurs une dimension de l'internet comme tel que d'ouvrir, par la facilité de publication qu'il offre, un espace à de nouvelles pratiques du narcissisme. La chose est assez évidente s'agiqqant de sites perso mais elle est perceptible souvent dans des domaines qui peuvent sembler par natre étrangers à de telles pratiques.) Le carnet ou le journal intime me permettait un exercice, une ascèse narcissique, voire une purgation, privés. Je ne les communiquais, je ne les ai communiqués qu'à très peu, avec qui j'étais de toutes façons engagé dans une relation où mon narcissisme, mon image, étaient pris.
En tous cas les quelques morceaux postés jusqu'ici ne me satisfont pas, ils ne me suffisent pas. Les 2 morceaux de ce matin. Je ne m'y reconnais pas, en altermondialiste vigilant.
L'autre jour, à la radio, un intellectuel respecté expliquait: "Je ne suis pas anti-américain mais je suis anti-anti-anti-américain"! Avec un peu d'effort & en supposant qu'un anti ne m'a pas échappé que mon oreille n'a pas bégayé, j'arrive à imaginer ce qu'il voulait dire mais que d'embarras! Cet embarras peut être le reflet de modes intellectuelles & de correctitudes politiques empilées mais je le crois symptome de qqchose de plus spécifique: l'urgence qu'il y a à penser l'Amérique & la difficulté qu'il y a de le faire hors des positions binaires de l'anti-américanisme & de son contraire qu'on pourrait, logiquement appeler "américanisme", c'est-à-dire l'adhésion au modèle & à la position dominante, au leadership américain. Lesquelles positions sont précisément ce qui empêche de réellement penser l'Amérique.
Américanisme: un anti-américanisme conscient & décidé peut s'accomoder fort bien d'un américanisme inconscient, spontané, matériel & culturel, constant & soutenu. Tel qui porte des vêtements américains ou d'invention américaine, écoute de la musique américaine ou d'invention américaine, etc. proclame sans état d'âme la bêtise foncière des Ricains & la nullité de leur culture. Cette formule (américanisme culturel + anti-américanisme idéologique), déclinée selon des figures & des dosages variés, est sans doute celle d'une large majorité de nos concitoyens entre, disons, 15 & 25 ans. D'une large majorité planétaire aussi bien: il y a quelques années les posters de Rambo mirent à fleurir dans le monde arabe.
Américanisme / anti-américanisme, je n'ai moi-même, plus ou moins entier, pas cesser d'y osciller. Le piège serait d'y voir une indécision car ce serait supposer qu'il faut en sortir, prendre parti, pour ou contre l'Amérique, comme nous y invitait W. Bush il y a peu, & le reste du monde avec nous. Osciller, c'est une façon d'avancer en pensant mais à chaque fois, d'un côté ou de l'autre, je me cogne, quelque chose en moi me demande: "Et bien? alors? de quel côté es-tu?". Peut-on être compris aujourd'hui si l'on dit: "Ni d'un côté, ni de l'autre, je tâche de suivre la voie du milieu."?
Mes pensées dérivent & je pense au film regardé hier soir: Un monde parfait (A perfect World) / Clint Eastwood. J'aime décidément les films d'Eastwood. J'ai commencé à m'en rendre compte lorsque nous avons loué Minuit dans le jardin du bien & du mal l'année dernière. Depuis quelques mois on trouve pour moins de10 € les films (l'intégrale?) de CE en DVD. Alors de temps en temps j'en achète une paire. Il paraît que son dernier film, celui qu'il a présenté à Cannes, est décevant, à demi raté... On verra bien.
En même temps, c'est mon blogue qui me tient éveillé. Je me demande comment utiliser pertinemment cet outil. Pour ma veille technologique, ça ne pose pas de problème essentiel, juste des problèmes techniques (structuration & capitalisation des informations) qu'on devrait régler sur le site de veille de Couperin. Ici je suis plus emmerdé, ce que j'ai fait jusqu'à présent ne me satisfait pas.
B. me demande: "Pourquoi ne mets-tu pas tes carnets en ligne?". Je ne lui ai pas répondu: "parce que je n'écris plus de carnets". Ce n'aurait été que partiellement vrai: si je n'écris plus de carnets, ce n'est pas seulement parce que je n'ai plus le temps ou la liberté d'esprit, c'est aussi parce que je ne les mettais pas en ligne.
Il y a, me semble, une nécessaire composante narcissique à l'exercice du blogue, et ce d'autant plus qu'il ne se donne pas d'objet a priori. (C'est d'ailleurs une dimension de l'internet comme tel que d'ouvrir, par la facilité de publication qu'il offre, un espace à de nouvelles pratiques du narcissisme. La chose est assez évidente s'agiqqant de sites perso mais elle est perceptible souvent dans des domaines qui peuvent sembler par natre étrangers à de telles pratiques.) Le carnet ou le journal intime me permettait un exercice, une ascèse narcissique, voire une purgation, privés. Je ne les communiquais, je ne les ai communiqués qu'à très peu, avec qui j'étais de toutes façons engagé dans une relation où mon narcissisme, mon image, étaient pris.
En tous cas les quelques morceaux postés jusqu'ici ne me satisfont pas, ils ne me suffisent pas. Les 2 morceaux de ce matin. Je ne m'y reconnais pas, en altermondialiste vigilant.
L'autre jour, à la radio, un intellectuel respecté expliquait: "Je ne suis pas anti-américain mais je suis anti-anti-anti-américain"! Avec un peu d'effort & en supposant qu'un anti ne m'a pas échappé que mon oreille n'a pas bégayé, j'arrive à imaginer ce qu'il voulait dire mais que d'embarras! Cet embarras peut être le reflet de modes intellectuelles & de correctitudes politiques empilées mais je le crois symptome de qqchose de plus spécifique: l'urgence qu'il y a à penser l'Amérique & la difficulté qu'il y a de le faire hors des positions binaires de l'anti-américanisme & de son contraire qu'on pourrait, logiquement appeler "américanisme", c'est-à-dire l'adhésion au modèle & à la position dominante, au leadership américain. Lesquelles positions sont précisément ce qui empêche de réellement penser l'Amérique.
Américanisme: un anti-américanisme conscient & décidé peut s'accomoder fort bien d'un américanisme inconscient, spontané, matériel & culturel, constant & soutenu. Tel qui porte des vêtements américains ou d'invention américaine, écoute de la musique américaine ou d'invention américaine, etc. proclame sans état d'âme la bêtise foncière des Ricains & la nullité de leur culture. Cette formule (américanisme culturel + anti-américanisme idéologique), déclinée selon des figures & des dosages variés, est sans doute celle d'une large majorité de nos concitoyens entre, disons, 15 & 25 ans. D'une large majorité planétaire aussi bien: il y a quelques années les posters de Rambo mirent à fleurir dans le monde arabe.
Américanisme / anti-américanisme, je n'ai moi-même, plus ou moins entier, pas cesser d'y osciller. Le piège serait d'y voir une indécision car ce serait supposer qu'il faut en sortir, prendre parti, pour ou contre l'Amérique, comme nous y invitait W. Bush il y a peu, & le reste du monde avec nous. Osciller, c'est une façon d'avancer en pensant mais à chaque fois, d'un côté ou de l'autre, je me cogne, quelque chose en moi me demande: "Et bien? alors? de quel côté es-tu?". Peut-on être compris aujourd'hui si l'on dit: "Ni d'un côté, ni de l'autre, je tâche de suivre la voie du milieu."?
dimanche 8 juin 2003
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"Très vite [avec le début de la 1ère guerre mondiale], la "grande culture" allemande allait s'effacer de la scène publique [américaine]: les opéras allemands furent retirés du répertoire classique, Beethoven disparut des programmes radiophoniques, les bibliothèques cessèrent de se fournir en littérature allemande et, en matière culinaire, la sauerkraut devint du liberty cabbage et le hamburger du Salisbury steack."
Denis Lacorne. La Crise de l'identité américaine. Paris, 1997, p. 163.
Denis Lacorne. La Crise de l'identité américaine. Paris, 1997, p. 163.
Mondialisation
En octobre 1998, Lionel Jospin annonçait le retrait de la France des négociations de l'AMI (Accord Multilatéral sur l'Investissement) qui se déroulaient depuis 3 ans, après qu'un mouvement d'opinion ait dénoncé ces négociations qui se tenaient dans la plus grande discrétion. Aujourd'hui on remet ça avec l'AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services). Sur le site Transnationale.org, une suite de posts sur cet accord.
Ledit site est une mine d'informations sur les entreprises multinationales et sur la globalisation économique. L'accès à l'ensemble des informations est conditionnée à l'adhésion à l'association "l'Observatoire des transnationales".
Ledit site est une mine d'informations sur les entreprises multinationales et sur la globalisation économique. L'accès à l'ensemble des informations est conditionnée à l'adhésion à l'association "l'Observatoire des transnationales".
mercredi 4 juin 2003
photos
Nouveaux albums Webshots:
- Malaga (été 2001),
- Azerbaijan (surtout mars 2003),
- Porto Maurizio (essentiellement le mois dernier).
- Malaga (été 2001),
- Azerbaijan (surtout mars 2003),
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