Je viens d’écouter le discours de Z. dans son intégralité, ça fait
froid dans le dos. C’est céder à la facilité mais je ne peux m’empêcher
de lui trouver l’allure d’un Goebbels, penché comme il est sur son
pupitre et je songe à la façon dont les discours nazis furent accueillis
en leur temps par les gens raisonnables, avec une fatale cécité quant à
leur efficacité. Cette assurance, ce toupet de Zemmour dont on sent
qu’il se fait un malin plaisir à retourner aux juges qui l’ont condamné
les propos qui l’ont fait condamner précisément et qui y ajoute
l’argumentaire de disqualification de ces mêmes juges (sur fond de
dénonciation d’un prétendu dévoiement des institutions étatiques qui
consonne avec la critique de gauche du néo-libéralisme).
Ce qui est effrayant dans ce discours, c’est combien il réussit à
combiner dans un ensemble assez cohérent des thèmes qu’on trouve
dispersés à gauche et à droite, chez la France Insoumise
(anti-libéralisme), dans la gauche laïciste tendance Valls-Fourest
(dénonciation du concept d’islamophobie), chez Alain Finkielkraut
(écologie comme défense du paysage et de la « civilisation » français),
chez Renaud Camus, etc. jusqu’à enrôler ce pauvre Bernard Pivot qui n’en
peut mais!
À côté de ça, le discours de Raphaël Enthoven, applaudi par les
comptes pro-macron de ma TL Twitter, s’il est honorable et courageux, me
semble tout à fait à côté de la plaque et ne sert en rien les objectifs
qu’il prétend servir: aux participants de cette convention de la droite
il a dû apparaître comme la confirmation du propos de Zemmour,
l’incarnation de l’arrogance, de la self-rightnousness, de la morgue de ce qu’ils détestent.
(Si je trouvais quelque chose pour me rassurer dans le discours de
Z., c’est qu’il se croit obligé d’utiliser la fable de l’invention
iranienne du concept d' »islamophobie » qui se fait rare aujourd’hui et
que je crois à peu près discréditée.)
lundi 30 septembre 2019
Sur le discours d’Eric Zemmour à la Convention de la droite
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire