Je dois l’avouer: j’ai repiqué au truc, je suis allé revoir Zemmour.
Ben oui, de temps en temps je retourne écouter Zemmour, et je ne suis
pas le seul puisqu’il paraît que CNews a triplé son audience depuis
qu’il y officie (en dépit des indignations et des boycotts). Et si je me
dis que j’aurais sans doute pu mieux occuper mon temps, je ne le
regrette pas vraiment, je n’en ai pas du remords. Si je l’écoute, ce
n’est pas que je communie secrètement avec ses idées, que j’y trouve
exprimé tout haut ce que je penserais tout bas (quoique, parfois…), ce
n’est pas non plus que j’y vais pour m’indigner ou pour me mettre en
colère, ni pour contempler combien je pense juste en face d’un discours
qui serait l’opposé du mien, ni pour me conforter en repérant les
sophismes, les contre-vérités et les astuces rhétoriques (quoique,
souvent…). Non, j’y retourne parce que souvent, la plupart du temps j’en
ressors éclairé (pas toujours, par exemple j’ai, aussi, regardé le face
à face avec Sifaoui qui n’apportait rien), parce que j’y vois exprimé
de façon cohérente un discours, voire un courant de pensée qui ailleurs
ne s’exprime qu’avec réticence, dissimulation ou embarras, parce que
Zemmour a du talent. Du talent, pas forcément beaucoup d’intelligence,
non plus une érudition bien solide mais qui s’affirme avec un
extraordinaire aplomb. Zemmour est en quelque sorte le prince des
demi-savants de l’islamophobie (cf. tous les posts, des uns et des
autres, qui veulent nous apprendre la vérité sur l’islam à partir de
telle ou telle sourate ou de tel ou tel hadith), de l’islamophobie
surtout mais pas seulement.
http://www.ericzemmour.org/2019/10/face-a-l-info-cnews-15/10/2019.html
Je continue de penser que les appels à censurer Zemmour sont
contre-productifs, comme les indignations. Ainsi à propos de son face à
face avec Nicolas Bouzon sur la PMA. Je suis sûr qu’un grand nombre de
personnes (de citoyens et de citoyennes) pensent une grande partie de ce
que pense Zemmour, y compris des personnes favorables à la PMA. Dans le
cas présent, c’est la qualification d' »homophobie » qui est lancée. Ce
qui m’apparaît à l’écoute, c’est que le propos de Zemmour, ses mots, si
l’on peut y soupçonner un arrière-fond d’homophobie, ne sont pas
explicitement homophobes. Il y a dans le monde un grand nombre de pays
où sont appliquées des législations clairement homophobes (pays
musulmans mais aussi la Russie, entre autres), Zemmour ne demande pas
qu’on les imite, ne remet pas en cause le droit à l’homosexualité. Dire
que la collectivité nationale n’a pas à financer la PMA qui ne
bénéficierait qu’aux couches favorisées n’est pas homophobe et semble,
dit comme ça, relever du bon sens. En regard les positions défendues par
Nicolas Bouzou semblent souvent aller au rebours du bon sens. C’est, je
crois, le tort de la gauche intellectuelle que, parce qu’elles sont
soutenus par des études et des élaborations théoriques pointues, des
thèses qui apparaissent à première vue heurter le sens commun doivent
être imposées comme des évidences. Comme les raisonnements et les faits
qui appuient ces thèses ne sont pas à la portée du plus grand nombre, le
moyen pour les imposer est d’en tirer des injonctions morales (le
politiquement correct). Dans un premier temps cela semble efficace mais à
terme cela génère une disjonction cognitive et dans un deuxième temps
un ressentiment.
L’utilisation stigmatisante des mots « homophobe » ou « islamophobe »
(ou « antisémite », ou « misogyne » aussi bien, ou « raciste ») finit
par recouvrir le fait que l’homophobie, l’islamophobie (l’antisémitisme,
la misogynie, le racisme) existent bien et qu’elles sont des nuisances
graves pour nos sociétés. D’une façon générale, je suis extrêmement
réticent à ce qu’on qualifie par ces mots des personnes, dans la plupart
des cas ils devraient être réservé à la qualification d’actes ou de
propos. Dire de quelqu’un qu’il est homophobe, par exemple (mais c’est
valable pour les autres qualifications), distinguer des homophobes,
c’est supposer que les autres, dont moi, ne le sont pas. Utiliser ces
qualifications stigmatisantes, c’est refuser de considérer ce que peut
passer en moi des discours, des attitudes, des réactions homophobes,
islamophobes, antisémites, misogynes ou racistes. C’est refuser que
soient problématisés en moi et autour de moi les questions liées au
genre, à la religion ou à la « race » (aux différences ethniques et
culturelles).
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