"Les politiques antilibérales de la France n'ont pas le moindre rapport avec un quelconque souci de justice sociale : la plupart d'entre elles profitent à quelques entreprises, au détriment des consommateurs, des finances publiques, ou des pays pauvres. Inversement, les pays européens les plus soucieux d'égalité (les pays scandinaves) adoptent en général des positions plus libérales que la France.
Les politiques antilibérales sont dues avant tout à la puissance des intérêts corporatistes, mais ce facteur, qui joue aussi à l'étranger, ne saurait les expliquer à lui seul. L'absence de toute contestation à leur endroit, même lorsque ces politiques sont évidemment contraires à l'intérêt général et à l'équité, s'explique aussi par la présence, dans la culture politique et administrative française, d'une profonde méfiance à l'égard des marchés.
Parce qu'il constitue une exception française, l'antilibéralisme systématique n'est pas compatible avec le projet européen : le non souverainiste et le non antilibéral se rejoignent. Inversement, l'argumentaire actuel des partisans du oui est souvent ambigu, parce qu'il flatte les tendances antilibérales de l'opinion, dont l'aboutissement logique est le refus de l'Europe."
(David Spector dans Libération du 13 mai dernier)
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