Encore une émission remarquable chez Abdelwahab Meddeb. Dimanche il recevait George Saliba, professeur à Columbia University, pour une point sur l'astronomie dans la culture islamique (j'aime particulièrement la façon dont Meddeb dit ça: "le temps arabe de l'astronomie" - avec cette précision que "arabe" désigne ici la langue de culture dominante et non l'ethnie). En gros, les savants arabo-musulmans ont complété l'édifice ptolémaïque, y compris en en critiquant les points faibles, en utilisant de nouveaux outils mathématiques inconnus des Grecs (il me semble de plus en plus évident que l'apport essentiel et original des arabo-musulmans à la science, ie à la civilisation, est mathématique). Si le pas képlerien n'a pas été fait (George Saliba montre que la "révolution copernicienne" est plus du domaine des représentations que purement scientifique: le décentrement de la terre est chez Copernic une réorganisation des données aristotélo-ptolémaïques), le corpus a été prêt pour Galilée-Kepler-Newton, avec sa mathématique et l'indication des points faibles (ainsi cette critique de la notion aristotélicienne d'éther comme substance simple et pourtant porteuse d'étoiles).
Autre point important évoqué dans l'émission: l'histoire de l'astronomie arabo-musulmane infirme les deux thèses invoquées pour expliquer la décadence musulmane: ni la synthèse "fermante" de Ghazali, ni la prise mongole de Bagdad en 1258 n'ont arrêté le progrès de la science astronomique.
(Liens complémentaires dans le butinage.)
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