mercredi 16 mai 2007

Rêves, jeux et paris

www.com-vat.com: Texas hold'em sarkozyen
Sarkozy nous laisse songeurs, incapables de déterminer s’il est en train, effectivement, d’habiter la fonction au point de prendre les problèmes à bras le corps, l’un après l’autre et à toute allure pour mieux les régler, ignorant les pleurnicheries de ses fidèles déçus, ou s’il se contente de brasser du vent dans l’espoir de laminer la gauche le mois prochain et mieux se chiraquiser l’été venu. Bluffe-t-il ? Nous entraîne-t-il dans une partie de strip-poker qui nous laissera à poil en bout de mandat ? Est-il, au contraire, en train de construire quelque chose d’inédit, d’incompréhensible pour quiconque, comme moi, cherche à s’adosser à des repères connus ?
Filant la métaphore vegas-ienne jusqu’au bout, et me fondant sur mon expérience du sarkozysme dans le monde réel, je choisis l’hypothèse du poker-menteur, du coup d’esbroufe sans substance. Une attitude confortable, d’ailleurs : que l’histoire me donne raison et je me vanterai d’une vaticination à succès ; qu’elle me donne tort et c’est le pays qui y gagne.
Oui, on en est là. Le soir du 1er tour, Nicolas Sarkozy nous annonçait le "rêve français" et depuis le soir du 6 mai nous sommes dans un état comme ça, de rêve. Le rêve d'un Tony Blair de droite pour certains, le cauchemar d'une ascension à la Arturo Ui pour d'autres. Et, comme le papillon de Zhuangzi, nous en venons à douter si nous n'avons pas rêvé plutôt pendant les mois de campagne: oubliés les enjeux, les chiffres, les disputes, même les craintes et les espoirs, Bayrou: fantomatique, les règlements de compte au PS: irréels, les appels à la "nécessaire-rénovation-sociale-démocrate": machinals, le naufrage de l'extrême-gauche: insignifiant. On voudrait se réveiller, on voudrait regarder ailleurs mais on en est incapable, on n'arrive pas à détacher ses yeux du magicien qui occupe le devant de la scène, fascinés par le mouvement des cartes ou des gobelets de bonneteau. Alors on sort du théâtre, pour un temps dépolitisé et un peu écoeuré, on reviendra lorsque le spectacle sera terminé.

Pour relativiser un peu la dépolitisation:

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