lundi 30 avril 2007

L'ambition

Je pique à Sitaudis cette citation tirée de l'Anatomie de la mélancolie (1621) de Robert Burton:
...ils n'aspirent à rien d'autre qu'au commandement suprême, leurs pensées, leurs actions, leurs efforts ne visent que le pouvoir et les honneurs ; il en était ainsi pour Ludovico Sforza, l'arrogant duc de Milan, un homme d'une extraordinaire sagesse mais d'une immense ambition, né pour se détruire lui-même et pour détruire l'Italie ; peu importe s'ils courent à leur ruine et anéantissent leurs amis, il leur faut batailler, ils sont incapables de s'arrêter ...

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dimanche 29 avril 2007

Libertés des médias

Ce matin, Max Gallo se gausse de la phrase de François Bayrou: "Je n'en ai pas de preuve mais j'en ai la certitude." La phrase pourtant n'a rien d'absurde, et suppose que François Bayrou a eu des éléments positifs qui font preuve pour lui mais qu'il ne peut pas produire, comme une confidence qui ne serait pas assumée publiquement. Faute de quoi, ce qu'implique la déclaration du directeur général délégué de la chaîne, la déclaration de FB serait soit mensongère, soit relèverait d'une confusion entre conviction et certitude, étonnante de la part de quelqu'un qui nous a habitués à un usage scrupuleux de la langue française.

En tous cas, la phrase, comme l'insinuation faite par Ségolène Royale à propos de l'annulation du débat devant la PQR, a été maladroite: elles permettent des réponses outragées des responsables de médias mis en cause alors que, me semble-t-il, les témoignages assumés - et non plus des confidences - ne manquent pas de la propension de Nicolas Sarkozy à intimider les médias.

Cette propension - qui n'exclut pas le passage à l'acte (Alain Genestar, Joseph Macé-Scaron...) - semble bien connue du milieu journalistique, ce qui amènerait à penser que dans la plupart des cas la menace n'a plus besoin d'être explicite (il suffit, comme le dit Plantu, que son objet soit un peu "pétochard"). La menace la plus efficace, n'est-elle pas muette, intériorisée et devancée? (Voir aussi les commentaires sur mon billet "Mensonge?".)

A ce propos, j'ai trouvé ça, ce matin:

[Big Bang Blog] - Et maintenant, le débat Samizdat

L’autre jour, on parlait des médias russes, avec Youlia Kapustina, et de la manière dont ils se sont poutinisés, après leur intermède de liberté, sous Eltsine. Elle me disait qu’il n’y a jamais eu, ou très peu, d’interdiction pure et simple. Il y a toujours des raisons, techniques ou juridiques, pour lesquelles on ne peut pas dire ceci, ou cela. De très bonnes raisons, imparables, comme toujours les raisons techniques et juridiques. Et la Russie poutinienne regorge d’excellents techniciens, et de fins juristes.
A qui dirait que le parallèle est abusif, que la Russie n'est pas la France et que ça n'a rien à voir, je répondrais que j'ai cru pouvoir me rendre compte que, pour des raisons structurelles plus que culturelles, la situation post-soviétique n'est pas si radicalement éloignée qu'il semble de la situation française (et que si je n'en ai pas la preuve j'en ai la certitude). Mais je conviendrais que la comparaison de Daniel Schneiderman est grossièrement éxagérée: après tout, on ne tue pas les journalistes en France.

Dernière minute: j'avais loupé ça:

Alberto Toscano, correspondant de l'hebdomadaire italien «Panorama» à Libération hier:
Pas plus tard que ce matin, un journaliste de la télé m'a dit qu'il avait fait l'objet d'une mise en garde de l'entourage de Sarkozy, à propos du débat Bayrou-Royal. Je lui ai demandé si je pouvais rapporter cette information en citant son nom. Il m'a répondu : "N'écris rien... Je ne veux pas être cité."

Mélenchon

"D'abord, Mélenchon ne veut pas. La réalité est hors de son espace de compréhension."
(D. Cohn-Bendit via demsf)

["La gauche de la gauche ne veut pas gouverner. Elle rêve de défier le gouvernement socialiste dans les usines et dans la rue." Cf. ce vieux billet: "Régner / Gouverner".]
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samedi 28 avril 2007

Le débat (?), essai de live-blogging

11:12.- En attendant le début d'un débat qui promet d'être acrobatique (ça ne peut pas être un débat classique, style match de boxe, les 2 débatteurs, et surtout SR, initiatrice de l'exercice, n'auraient qu'à y perdre mais inversement trop de complaisance réciproque ferait apparaître l'opération comme un plan com artificiel), après la poignée de mains pour les photographes... Valérie Pécresse et Christophe Caresche s'empaillent...

11:18.- SR: "ce n'est pas un débat, c'est un dialogue..." ben oui, logique, ç'aurait été plus clair de le dire plus tôt. SR est un peu trop longue en intro., je trouve, s'approprie l'exercice. Tendue.
FB reprend le mot dialogue. "En discutant voir ensemble ce qui est l'intérêt du pays".

SR: "les citoyens experts de ce qui les concernent..." Définition du projet VIe république.

Pour l'instant SR et FB ne se regardent pas. Ils regardent les journalistes. Faudrait pas non plus que la "dispute", les vraies matières à discussion soient shuntées.

11:30.- Question de Bourdin sur le ralliement de FB. Faudrait pas non plus que ça tourne à l'interview dudit.
"Vous ne direz pas pour qui vous voterez le 6 mai?
- Je ne donnerai pas de consigne de vote!" Nuance.

11:35.- SR s'est dégourdie, meilleure et elle parle du fond. Du coup FB semble moins bon (assez d'accord avec Versac sur le live-blogue de qui je viens de jeter un coup d'oeil). C'est la faiblesse de FB dans toute cette campagne: bonne position de front, manque d'arrière-pays (pour ne pas dire de profondeur, qui serait ambigu). Remet le couvert sur le débat lui-même!

Bien, Ségolène, la réponse sur les indemnités, pas démago.

Mesures anti-concentration: parlez concret... et regardez-vous (pas Bourdin)!

Ce qui ne va pas, c'est que c'est un débat (modéré, à l'américaine) et pas un dialogue!

11:50.- L'Europe. Vrai désaccord. Salaire minimum, ils se regardent et du coup FB contre SR fort. SR sait que son argument ne tient pas et fuit le dialogue. Sûr que pour elle, l'exercice est impossible.
Sur la BCE, c'est mieux. Elle interprète (nuance) son propos: pas de politique de l'euro faible. Et FB fait un pas vers la redéfinition des missions de la BCE. Bien.

12:05.- On arrive au coeur du désaccord, SR envoie son pacte présidentiel et sa démocratie participative en écran de fumée préalable. FB, sur la flexisécurité, pose directement la question à SR. Enfin le dialogue? On y est presque lorsque SR répond à son tour mais trop de fumée encore.

L'histoire des cautions. Dommage que la discussion tourne en eau de boudin.

12:20.- 35 heures. FB "on est tous les 3 d'accord", end of story.

Sur les retraites: réponse de SR par la relance de la croissance. Le problème, c'est qu'elle est moins crédible que NS sur ladite relance. Et elle se sert de la relance de la croissance, pour ne pas répondre au constat simple de FB: la quantité globale de travail en France est faible. Encore un fois FB va vers un vrai dialogue mais SR n'écoute pas et casse le dialogue. Dommage.
(Tiens, Versac trouve SR bonne sur ce coup.)

12:35.- Les "quartiers", c'était au générique d'ouverture. Accord (convergence de fond, cf. la baffe).
Sourires autour de "autorité juste", SR va peut-être comprendre que le martelage de mots-clés n'est pas forcément la bonne méthode en toutes circonstances.

12:55.- On arrive sur la fin, on rit un peu, sur le drapeau. Rire sérieux: ce que dit FB sur l'intériorisation des valeurs nationales (et qui me semble profondément vrai, pour lui, des valeurs religieuses). SR reprend, elle aurait peut-être pas dû.

13:00.- Les discours de conclusion sentent la fatigue. On n'aura parlé ni de la réforme de l'Etat, ni de l'Université et de la Recherche, c'est dommage. Impression globale: l'exercice était difficile, la forme n'a pas été tout fait trouvée mais (c'est mon impression globale à chaud) une novation démocratique assez réjouissante. C'est bien.

TVA & IS, une petite leçon de droit européen par maître Eolas

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue:
Maître Eolas explique clairement que NS dit n'importe quoi. A la suite de quoi, première remarque conclusive:
Encore une fois, on retombe dans l'antienne "l'Europe, bureaucratie incompréhensible qui entrave l'essor économique de la France" qui est l'excuse préférée des gouvernements français pour justifier leurs échecs et leurs promesses non tenues. De la part de quelqu'un qui, par les fonctions qu'il a exercées, ne peut ignorer ce qu'il en est, ce mensonge conscient est de la démagogie.
De plus, le Président de la République est garant du respect des Traités (article 3 de la Constitution). Or la TVA au niveau de l'Europe, ça vient d'un traité, et pas le moindre. Que le possible futur président feigne de ne pas comprendre ce traité a de quoi laisser circonspect.
C'est bien dit, j'ai cependant un doute quant au "mensonge conscient". Je me souviens de la bourditude Al-Qaïda, de la part de quelqu'un qui a été bien plus longtemps à l'Intérieur et aux Cultes qu'aux Finances (et j'ai entendu/lu à droite et à gauche qu'il n'avait pas pris excessivement au sérieux ce ministère qui servait peu son cursus honorum), ce n'était pas moins aterrant que cette incompréhension du droit européen et ça ressemblait bien à une ignorance réelle (et d'ailleurs on ne voit pas à quoi lui aurait servi de la feindre).

Quant à la seconde remarque conclusive, bien frappée elle aussi, vous la lirez dans le billet original.

vendredi 27 avril 2007

Mensonge ?

Sur TF1, Ségolène Royal, choisit de persister dans le mensonge et la calomnie:
Lors de sa participation ce soir sur TF1 à l’émission « Face à la Une », Ségolène Royal a choisi de réitérer le mensonge qu’elle avait déjà proféré hier sur France 2. Elle a de nouveau prétendu que contrairement à Nicolas Sarkozy, elle ne serait pas allée «s’excuser auprès du président Bush de la position de la France par rapport au refus d’envoyer nos troupes en Irak».
Washington Post, Wednesday, September 13, 2006:
Sarkozy also appeared to attack French President Jacques Chirac and Prime Minister Dominique de Villepin for their dramatic confrontation -- what he called "sterile grandiloquence" -- with the Bush administration over Iraq. "It's not appropriate to try and embarrass one's allies or give the impression of gloating over their difficulties," he said.
(Note personnelle: à l'époque, j'avais apprécié le discours de Villepin d'une manière assez analogue à celle de NS ("grandiloquence stérile", c'est assez bien vu). Le dire alors en France est une chose, aller le dire à la Maison Blanche au déplorable président américain en est une autre.)

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lundi 23 avril 2007

Les citadelles bayrouistes

Plutôt que de me laisser aller à expliquer pourquoi je suis plutôt très content de ce résultat de premier tour, une réflexion un peu décalée qui me vient à la considération de la carte des résultats sur le site du Monde:

Où François Bayrou a-t-il dépassé les 20% de suffrages?
- en Bretagne,
- en Alsace,
- en Aquitaine (sud), y compris le pays basque,
- dans le Massif Central,
- en Savoie,
- et dans la banlieue sud et ouest de Paris.

Soit, à l'exception de la dernière et avec une réserve pour la Savoie à cause de mon ignorance de la situation réelle du franco-provençal aujourd'hui, des régions où les langues minoritaires nationales restent vivantes (le sud du Massif Central, le Rouergue en particulier, est considéré comme la "réserve indienne" de l'occitan). Les langues minoritaires historiques principales, à l'exception notable du corse et du catalan (cf. infra), sont représentées par ces bastions bayrouistes: le breton, l'alsacien, le basque, l'occitan (que les bourriques micro-chauvines locales veuillent bien réaliser enfin que le niçart est un dialecte occitan), le franco-provençal (avec la réserve supra), le gascon (si on le distingue de l'occitan).

Cette réalité géographique du vote Bayrou est à la fois logique et surprenante. Logique, parce que François Bayrou est le seul des grands candidats à s'être démarqué de la dérive identitaire nationaliste-jacobine qui a marqué le gras de la campagne, le seul à s'être clairement prononcé pour la ratification de la charte européenne des langues minoritaires (cf. la prise de position de Ben). Surprenante par la coïncidence du résultat avec une prise de position qui n'a pas eu beaucoup d'écho et qui n'a pas semblé faire partie des enjeux de la campagne.


Les exceptions à ce tableau méritent considération (et préoccupation). Par commodité je les liste par langues/dialectes:
- Le provençal (sur l'occitan en général cf. infra): dans le sud-est et dans le midi méditerranéen, François Bayrou fait globalement des résultats inférieurs à son score national. Néanmoins, à l'exception du Vaucluse, notamment dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes, Bayrou fait mieux que Le Pen.
- Le corse: FB, qui y a défendu sa position sur les langues régionales, est dépassé par Jean-Marie Le Pen dans les 2 départements corses. La comparaison avec la situation de la Bretagne et celle de l'Alsace pose question. Hypothèse: la position de FB représente un modèle non jacobin d'intégration nationale inaudible pour la Corse dans sa situation actuelle.
- Le catalan: dans les Pyrénées-Orientales, Jean-Marie Le Pen dépasse François Bayrou d'une courte tête.
- Les autres exceptions sont moins nettes: le luxembourgeois, parlé dans le nord de la Moselle, où, sur l'ensemble du département, FB fait un score légèrement supérieur à son score national, et le flamand, dont je ne sais pas s'il est encore vivant dans la frange nord des départements du Nord et du Pas-de-Calais.

Sur l'occitan dans son ensemble: avant l'intégration des régions occitanophones, la France n'était que l'Ile-de-France, c'est-à-dire que la réalité occitane est essentielle à l'identité de la France. En d'autres termes, amputée de la Bretagne, de l'Alsace ou de la Corse, la France serait amoindrie, défigurée, blessée mais elle resterait la France, sans l'Occitanie (les régions originairement occitanophones) la France serait un autre pays. De ce fait la réalité occitane fait depuis toujours l'objet d'une dénégation essentielle qui passe en particulier par la réduction de la réalité linguitique occitane à sa réalité dialectale (péjorativée par l'appellation de "patois"). Je ne sais que Michel Rocard, parmi nos hommes politiques, pour avoir un matin dit la réalité dans sa nudité: que l'identité nationale française ne pouvait qu'être problématique et fragile parce qu'elle se fondait sur la fusion, déniée, de deux "nations" foncièrement distinctes (je n'ai malheureusement pas le mot à mot). Même François Bayrou parle de béarnais et évite le mot "occitan" (cf. par exemple le début du clip ci-dessus où il est évident qu'il a l'occitan en tête).

Aujourd'hui l'occitan survit, autrement que sous forme de traces (accent, emprunts lexicaux), selon deux modalités:
- la continuation, toujours diminuée, des pratiques vernaculaire, dans des milieux ruraux à l'écart des grands axes de communication,
- le réinvestissement, éventuellement par l'étude, par des couches jeunes, urbaines et éduquées (avec des variantes dégénératives "identitaires").
Sur l'aire occitane, ces deux modalités sont profondément disjointes et la répartition du vote Bayrou reflète la première exclusivement, la seconde étant généralement appuyée à une mobilisation politique radicale (alter-mondialiste ou extrême-droite pour ses pénibles variantes dégénératives "identitaires").

MàJ: Sur le site du Monde (toujours) une analyse de la situation géographique par Pascal Perrineau. Sa granularité est moins fine que celle que j'utilise ici puisque qu'il prend le niveau des régions. Ses remarques à propos des régions où FB fait ses meilleurs scores: régions de tradition centriste et démo-chrétienne, ce qui n'est pas forcément contradictoire avec les hypothèses, moins assurées, que je risque ici.

dimanche 22 avril 2007

Les indécis sont des vieilles personnes en carence affective

Mise au point avant les résultats sur "Les indécis sont des cons narcissiques":

Comme je suis soupçonné d'avoir été complice ou jouet d'une opération de propagande noire sarkoziste, opération relayée par le suspect (lui aussi) quotidien du soir dont le lien a fait exploser mes stats hier soir (ce qui n'était plus arrivé depuis l'interview de Wizman), je me sens poussé, non à me justifier mais à m'expliquer un peu l'annonce des résultats.

J'avais plusieurs raisons, de différents ordres, de poster ce billet. D'abord, le plus évident, le caractère, véritablement choquant, anti-démocratique de la méthodologie de hard marketting pronée sur la page "visite à domicile". Je me fais, chaque fois que je vote, un devoir, au risque du ridicule, de prendre dans le bureau de vote avant de m'isoler un bulletin de chacune des options proposées au vote et ensuite de mettre à la corbeille les bulletins restants: ce n'est pas pour rien que l'acte de voter se fait à l'abri des regards et je connais les techniques qui permettent de contourner le secret du vote. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était de voir une de ces techniques ouvertement prônée sur le site d'un parti que je considérais, sans angélisme croyais-je, comme l'un des plus sûrs garants de la démocratie dans notre paysage politique. Depuis cette page a été corrigée et les prescriptions clairement anti-démocratiques effacées. Le reste du contenu est certes ridicule et ne montre pas une conviction démocratique très assise (dit euphémistiquement) mais ne donne, malheureusement, pas matière à indignation (il ne s'agit, après tout, "que" de méthodes de mobilisation des personnes agées et isolées pratiquées par tous les grands partis, du PC au FN).

J'avais cependant une autre raison de remarquer ce site, moins anecdotique, c'est que j'y reconnais, à nu, les ressorts de la stratégie de premier tour de l'équipe de Ségolène Royale: d'abord la priorité mise sur l'éventuel vote Bayrou (ce qui en soit est assez logique) et surtout les moyens utilisés au service de cette stratégie: l'appel aux reflexes identitaires et à la culpabilité, essentiellement, de la part d'une personne aux sympathies à gauche, le vote Bayrou est une déloyauté, une trahison. De ce point de vue, la stratégie pronée par le site des ASR est en complète cohérence avec la ligne de la campagne du PS depuis le début mars. Que cettte stratégie soit la plus efficace pour le premier tour est (malheureusement encore) probable (nous verrons ce soir) mais elle affaiblit la position de la candidate du PS pour le 2d tour, moins parce qu'elle s'aliène les électeurs de gauche qui se seront obstinés à voter Bayrou (tout laisse penser qu'ils avaleront leurs couleuvres, l'insulte et le mépris dont ils ont été accablés, et reporteront leur vote sur SR au 2d tour, par réserve de loyauté ou simplement par choix rationnel) que parce que, représentant un pari sur les moins rationnelles de nos motivations, elle décrédibilise la critique du projet busho-berlusconien de Nicolas Sarkozy comme menace pour la démocratie. Cela n'empêchera peut-être pas SR de gagner en fin de compte mais on peut estimer aujourd'hui que le pari est risqué et qu'il aura coûté cher en termes de valeurs.

L'article du Monde m'a amené quelques commentaires dont je n'en ai rejeté qu'un (qui n'avait qu'un rapport très lointain avec l'objet du billet). J'y retrouve de la part des partisans de Ségolène Royal ce que je lis en commentaires de billets analogues au mien,chez FrédéricLN, sur Scoopeo, chez Koz ou sur Pointblog. Si je suis reconforté de trouver sur mon blogue plusieurs commentaires qui représentent une réaction à mes yeux rationnelle de la part de sympathisants socialistes (en gros, c'est un dérapage un peu ridicule que les responsables socialistes ne devraient pas tarder à rectifier), les plus virulents témoignent d'un refus de voir assez désolant, selon deux lignes contradictoires:
- soit en refusant de voir ce qu'il y a d'indigne et de contradictoire avec les valeurs socialistes dans le contenu de ce site, dans le pire des cas ("vierges effarouchées"), ça va jusqu'à endosser l'anti-démocratisme des recommandations;
- soit en refusant de croire que le contenu dudit site puisse engager le PS et l'équipe de campagne de Ségolène Royal, en y reconnaissant plutôt une manoeuvre sarkoziste, de la propagande noire, de la manipulation. Comme le montre les mises à jour placées en tête de mon billet, j'ai partagé cette incrédulité, et j'ai envisagé plusieurs hypothèses: de l'auto-parodie au piratage. L'hypothèse du piratage n'est pas totalement réfutée mais elle reste très improbable (si elle s'avérait ça ferait un magnifique scoop pour la campagne de 2d tour!) et quoiqu'il en soit le maintien des liens depuis les sites officiels du PS vaut approbation (après l'article du Monde, l'ignorance n'est plus une option) - ce qui prouverait une grande subtilité dans la manipulation.

Merci en tous cas aux commentateurs pour leurs compléments d'information:
- Zorgspliff (j'espère que ce n'est pas un hoax) qui a contacté les responsables du site, qui ne voient pas le problème (mais qui ont tout de même rectifié la page "visite à domicile"),
- Muniette, pour avoir reconstitué la génèse du site en retrouvant un cache du 18 - même si je ne partage pas ses conclusions.

Bon, ça va être le moment d'aller écouter les résultats avec mes amis ségolénistes.

La votation présidentielle vue de Suisse

Le Temps - éditoriaux

En Suisse, où souvent la «Schadenfreude» a dominé face aux difficultés du trop grand voisin, le sentiment a changé. On comprend désormais à quel point nous manque une France forte, réconciliée, charpente de l'Europe. Et combien nous désirons aimer un pays revenu à son meilleur, capable de nous éblouir par son agilité, sa créativité, son intelligence et son goût du bonheur.

vendredi 20 avril 2007

François Bayrou sur Oumma.com

L’islamophobie est un sentiment qui me révulse. C’est un racisme qui fabrique des rejets extrêmes, qui porte en germe des violences considérables. C’est donc un devoir d’Etat de lutter contre cette montée de l’islamophobie qui n’est rien d’autre qu’un refus de l’autre, qu’une méconnaissance « crasse » de l’Islam.
Nous avons besoin que l’école apprenne l’histoire des religions et nous avons besoin que les musulmans disent les valeurs d’humanisme et de tolérance de leur religion. Aujourd’hui, il y a une confusion dangereuse entre l’Islam et l’intégrisme. C’est contre cet amalgame qu’il faut lutter de toutes nos forces. A chaque fois qu’il y a menace de dissolution, il faut rapprocher ceux qui s’éloignent.
et sur la "loi sur le voile":
J’ai eu à connaître de la question du voile à l’école lorsque j’étais ministre de l’Education nationale. On se souvient des trois étapes de cette affaire : le premier fut l’avis rendu par le Conseil d’Etat à la demande de Lionel Jospin. La deuxième est ma circulaire, qui va plus loin et interdit les signes ostentatoires au sein des écoles. La troisième est la loi de 2004 sur laquelle je me suis abstenu parce que je pensais que la solennité de la loi risquait de cristalliser les opinions, de rompre le dialogue plutôt que d’apaiser le climat.
Sur la fin de l'interview, l'intervieweur lui tend la perche de l'anti-sionisme, qu'il refuse décidément exactement de la même façon que lors de son passage sur France 2 en février il avait refusé de saisir de la perche de l'anti-communautarisme (= anti-islamisme dans la circonstance) à propos de l'hôpital.

(Oumma.com / Bayrou.fr)

Les indécis sont des cons narcissiques (les amis de Ségolène Royal)

[MàJ: J'ai du mal à ne pas prendre ce site pour une parodie. C'est que compris comme tel il est très drôle. Reste qu'il est lié depuis le template du "blog officiel du comité parisien Désirs d'Avenirs" et depuis celui du "blog des militants socialistes de Normale Sup'". Auto-dérision? Ambigüe et ravageuse, alors. Le vieux sympathisant PS que je suis est un peu désemparé. Si quelqu'un pouvait m'éclairer...
MàJ 2: Tout à l'heure, le site est remarqué par Gilles Klein, sur Pointblog, qui s'inquiète: "on a du mal à croire qu'il y ait un rapport avec l'association des Amis de Ségolène Royal, présidée par le brillant Pierre Bergé". Je suis au regret de lui dire que, sauf piratage, improbable jusqu'à plus ample informé, il s'agit bien des mêmes "Amis de SR".
MàJ 3: Décidément, ni parodie ni piratage, ou alors les webmestres du PS sont des bourriques: le site est lié depuis le site du PS. Elle a pas tort Ségolène: décidément on ne l'aura pas épargnée, dans son propre camp!
Màj 4 (2:00): Plus de doute: la page "Visite à domicile" a été corrigée, le coup de l'isoloir gommé (voir l'original, vers 20:30, sur ma capture d'écran). S'ils ne sont pas idiots, les responsables du site devraient avoir effacé l'ensemble des pages d'ici demain midi.
MàJ du 22.]

"La visite à domicile..." (campagne perso) avec les Amis de Ségolène Royal (via Scoopeo - [cette page du site de marketting politique des ASR a été modifié depuis l'envoi de ce billet - cf. mises à jour supra -, cliquer sur l'image ci-dessus pour voir la version originale commentée ci-dessous.]):
Un électeur indécis est sensible à l'attention qu'il génère. C'est du reste une des principales raisons de son indécision.
Quoi faire pour gagner ces nombrilistes?
Comme le temps presse, vous allez sans doute être contraint de lui proposer la botte:
- Ah ouais, bonne idée, ça marche! ... Meuh non, espèce de pervers: humour! Les amis de Ségolène ne sont pas les enfants de Dieu, la botte, c'est pas (tout à fait le flirty-fishing), c'est:
la visite à domicile le jour du scrutin et l'accompagnement jusqu'au bureau de vote.
...
ému par votre présence dans le bureau de vote (vous ne pouvez hélas vous rendre dans l'isoloir pour effectuer l'indispensable vérification et vous allez sans doute lui demander les bulletins restant par précaution), il votera selon votre prescription.
C'est que l'indécis, outre d'être narcissique, est un peu con ou sénile:

Soyez simple et précis. Evitez, par exemple le péremptoire "Vote du bon côté !", trop ambigü.
Moyennant quoi:
Le 22 au soir, vous pourrez vous reposer et vous vous sentirez beaucoup mieux...
(Euh, faudra peut-être se réveiller un peu avant le 2d tour, non?)

Lorsque je suis tombé là-dessus, j'ai soupçonné le site parodique, alors j'ai un peu fouiné pour me rendre compte. Et bien non, hélas, ce n'est pas parodique, il semblerait que le site des amis de Ségolène soit une émanation du comité parisien Désirs d'Avenir et qu'il soit lié depuis le site Désirs d'Avenir lui-même (en rideau au moment où j'écris, sur quoi par ailleurs je n'ai pas réussi à trouver de moteur de recherche). Du coup je tombe sur d'autres perles...

Sur la page d'accueil:
Etre un "militant 2.0", devenir un "socialiste numérique", c'est à la portée de tous. Même de ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, qui n'ont jamais osé se rendre à un débat participatif ou qui n'ont jamais su régler leur magnétoscope.
...
C'est facile, c'est technologique, c'est participatif, bref c'est socialiste.
Non, je rêve, décidément, c'est parodique! Des crypto-bayrouistes très forts qui auraient infiltré l'ENS (le dossier sur l'enseignement est nommé "ferry" dans l'URL) et auraient réussi à tromper tout le monde? Je crains bien que non.

Pour la bonne bouche (?), la page "Mode d'Emploi SMS" (voir aussi la pratique du SMS chez Sarkozy):
2 / Le ciblage efficace
Vous les classez par grandes familles :
les enfants du peuple de gauche prêts à trahir leur cause pour toutes les mauvaises raisons que l'on connait,
les sympathisants laxistes,
les hésitants,
les défaitistes,
etc.
suggestions de SMS (les 3 premiers):
Le 22 avril souviens-toi du 21 !
Dans un match PSG-OM, tu voterais pour l'arbitre ?
Tu ne vas quand même pas voter à droite ! Pas ça ! pas toi !
et la page "Mail":
Nota Bene
Mettre tous les destinataires dans "masqué" (cci, blind copy...), afin que vos différents destinataires ne se voient pas. Sinon vous vous engagez dans un débat sans fin, totalement contre-productif à ce stade.
ou le spam pour les nuls!
Exemple de courriel
Toi, mon premier instructeur politique, le militant acharné des années 70, le socialiste héréditaire (pour le coup, de ce côté là, les gênes fonctionnent à mon avis), tu ne peux pas voter à droite ! Tout de même...
Pas ça, pas toi ! Reviens parmi nous, dans ta famille !
Je t'embrasse,
signature.
(où il se confirme que l'indécis est a priori sénile! (et, avec le reste, que la contre-offensive anti-Bayrou du PS est, avec ou sans humour (ha ha!), identitaire (reptilienne?) et que de ce point de vue les convergences sont grandes avec le candidat symétrique.)


'Tain, chaque fois que je suis tenté par un retour réaliste-(cynique?)-identitaire
au bercail, il faut que je tombe sur quelque chose comme ça! Comme dit mon amie N.: je veux voter Ségolène, alors j'évite de la voir ou de l'entendre.

Ce qui me tue, c'est l'impression que la stratégie raillée par Eleassar, qui pouvait sembler si ridiculement contre-productive, a en réalité assez bien fonctionné:
Connaissez-vous la meilleure façon de faire rentrer au bercail une partenaire tentée depuis longtemps par l'infidélité qui vient de passer à l'acte ? C'est très simple: aller la voir et expliquez lui d'un ton suffisant qu'il n'y pas plus débile que son idée d'aller voir ailleurs, que vous ne comprenez pas, même bête comme manifestement elle semble l'être, comment ça a pu lui prendre comme ça mais que si elle veut, elle peut revenir. Pas convaincu par la méthode ? C'est pourtant la stratégie que semblent appliquer les soutiens de Ségolène Royal, que ce soit dans la presse ou sur les blogs, envers le vote Bayrou "de gauche".
D'où, petite proposition de méditation pour après les élections: comment se fait-il qu'on accepte collectivement d'être traîté(e) d'une manière qui ne susciterait, individuellement, que colère ou mépris? Pourquoi ce qui d'individu à individu apparaît comme de la lâcheté et de l'avillissement, de collectif d'individus à collectif d'individus apparaît plutôt comme de la loyauté et de l'esprit de responsabilité (ce n'est pas une question rhétorique: il ne me vient pas à l'esprit une seule seconde de soupçonner mes quelques amis qui, un moment tentés par le vote Bayrou, se sont rabattus sur le vote Royal d'une quelconque lâcheté ou veulerie)?

Et puis, tiens, je vous en remets une couche bien grasse: cette loyauté identitaire collective, cet esprit de responsabilité solidaire "malgré tout", n'est-ce pas en gros ce qu'on appelle la "banalité du mal"? [Paragraphe censuré pour cause de reductio ad Hitlerum.]

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jeudi 19 avril 2007

La torpille Rocard / Zaki Laïdi (pour un social-libéralisme assumé)

Sur Telos, Zaki Laïdi propose une réfutation argumentée de la proposition de Michel Rocard. Le fond de l'argumentation est qu'une alliance forcée par les circonstances ne saurait remplacer le travail nécessaire au sein du parti socialiste. Travail dont l'horizon serait l'assomption, enfin, du social-libéralisme:
Certes, la gauche peut légitimement récuser l’étiquette sociale-libérale. Mais elle peut difficilement en combattre le contenu. Et de ce point de vue, il n’y a guère de raison de se laisser impressionner par la valeur des mots. Car jusqu’en 1989, la gauche refusait de se dire sociale-démocrate, ce qu’elle n’a d’ailleurs historiquement jamais été. Combien de temps lui faudra-t-il pour se dire sociale-libérale ?
[D'autres extraits sur le blog-notes.]

On peut n'être pas totalement convaincu par l'argumentation de ZL. Elle me semble en particulier sous-estimer singulièrement le poids idéologique de l'anti-libéralisme à la fois spécifiquement dans la gauche, où il trouve des appuis historiques et "identitaires" mais aussi plus largement dans l'ensemble de la société française (et à droite donc, d'où la confusion dans l'interprétion du non de mai 2005). Supposer que le PS puisse faire son aggiornamento (social-libéral) à froid et sans risque pour son unité, alors que ni mai 2002, ni mai 2005 n'ont suffi, est peut-être un peu optimiste. En tous cas, ça change des trop fréquentes invectives qui, du sein du PS, ont répondu à la propostion rocardienne.

Rocard et les deux Patrick

Réaction de Patrick Allemand à la "proposition Rocard" vendredi dernier:
Ce que vient de faire Michel Rocard aujourd'hui ne me parait pas de nature au crépuscule de sa vie politique, à apaiser ses relations avec le parti socialiste.
(...)
C'est curieux mais mis à part le fait qu'elle soit une femme, en définissant Ségolène en 2007, je définis ce que je pensais de Rocard lorsqu'il était en pleine possession de ses moyens.
Sa sortie du jour est d'autant moins compréhensible et pour tout dire lamentable.
(...)
Ce que vient de signer Michel Rocard, ce matin, ce n'est pas simplement une tribune, c'est la mort de son ambition politique...
Le lendemain, en réponse à certains commentaires, PA, "inconditionnel rocardien", "persiste et signe":
Je préfère simplement penser qu'il est touché par la vieillesse, plutôt que de le penser capable de faire une saloperie pareille à 9 jours d'un scrutin capital pour l'avenir de la gauche.
Lundi, Patrick Mottard, qui n'est pas un inconditionnel rocardien, si je ne me trompe pas, commente, ironique:
J’avoue que les rocardiens historiques qui, aujourd’hui, jouent les vierges effarouchées m’amusent beaucoup…
Cependant, le pavé dans la mare de Michel Rocard a un mérite : il permet de pointer l’état de faiblesse actuel de la gauche gouvernementale hors PS. Celui-ci est tel que la victoire de Ségolène Royal passe par une dynamique capable de s’affranchir du clivage gauche-droite au sens strict. Il nous reste trois petites semaines pour en convaincre les électeurs.
Si l'on en juge par les sondages qui ont suivi la "proposition Rocard", il se pourrait que PM, si je le lis bien, ait vu plus juste que l'autre Patrick. Si à la première réception, cette proposition a été comprise comme un cadeau à Bayrou (en crédibilisant sa stratégie), il se peut bien qu'elle ait servi plutôt Ségolène Royale en donnant de son équipe (MR venait de livrer son impressionnant rapport sur l'économie numérique) une image moins fermée, moins sectairement identitaire que celle laissée par la campagne de premier tour, marquée par nécessité de rassembler à gauche (et par le début de panique engendré par l'ascension fulgurante de François Bayrou dans les sondages début mars), aussi en réinstallant comme une perspective possible, par une alliance avec le centre, la victoire au 2d tour contre Nicolas Sarkozy. Si explicitement Michel Rocard a eu pour visée la victoire au 2d tour, il n'a peut-être pas si mal servi son camp pour le premier.

mercredi 18 avril 2007

Pour simplifier le 1er tour: les mashups de Kek

contre

Assez Democrats contre Republicans, je trouve... Une dizaine d'autres tronches de Kek sur son blogue.

MàJ: J'ai piqué (avec Capture) les 2 images ci-dessus et puis j'ai mis un commentaire sur le blogue de Kek, un peu à la Google, quoi. Du petit échange qui s'ensuit, un lien alternatif vers le Générateur de président.

mardi 17 avril 2007

"être à l'écoute de tout, et si possible savoir tout"

(... enfin, pas forcément tout!)


Petite histoire de l'instauration en 3 temps d'un état policier numérique à la française (sur Odebi):


  • 2001 (dans la lancée du 11 septembre, // Patriot Act): Loi sur la Sécurité Quotidienne
  • 2003: Loi Pour le Sécurité Intérieure et amendement Estrosi
  • 2005: loi de Lutte Contre le Terrorisme
En l'état, la LCT place donc tous les internautes français sous techno-surveillance policière constante, les considérant de ce fait tous comme des suspects, écarte totalement et volontairement le rôle du juge constitutionnellement gardien des libertés, et instaure sans aucune ambigüité un état policier numérique.

Pour un panorama plus large:

Libertés sur internet : Bilan du quinquennat et questions aux candidats:
  • économie numérique (LCEN),
  • informatique et libertés (LIL),
  • contre le terrorisme (LCT),
  • droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information (DADVSI),
  • et prévention de la délinquance (LPD) [dont les mesures prétenduement "anti-slapping"],
  • Une commission nationale de déontologie (CND) du net devrait de plus être créée par décret,
  • et le ministère de la culture souhaite imposer des “labels presse” aux sites d’information.
En gros: renforcement du pouvoir de contrôle de l'exécutif, neutralisation du contrôle judiciaire, criminalisation du contrôle citoyen.

“Aux français qui se demandent comment éviter Big Brother, nous devons dire la vérité : nous sommes déjà dans une société Big Brother. La seule question qui tienne encore aujourd’hui, c’est savoir comment on va vivre avec." ALEX Türk, Président de la CNIL

Ben voyons. Mais il vrai que Big Brother, "ce n'est pas l'Etat, ce n'est pas le pouvoir, ce ne sont pas les politiques, ... " c'est l'internet.

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MàJ: Bilans de la Ligue des Droits de l'Homme:

- Bilan d'une législature xénophobe : cinq années de chasse aux étrangers
- Bilan d'une législature sécuritaire : cinq années de recul de nos libertés

Liberté d'expression

Liberté, liberté flétrie / Mathieu LINDON
Au moment de l'affaire des caricatures, l'an dernier, Nicolas Sarkozy a défendu Charlie Hebdo, ce qui était moins courant que lorsque tout le monde l'a fait cette année au procès, en prétendant qu'entre le risque de la censure et celui de blesser il préférait celui de blesser. Très belle déclaration d'intention. Et cependant, quand un éditeur s'est apprêté à publier un livre sur Cécilia, il a été convoqué par celui qui était alors ministre, et le livre n'est jamais paru.
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"... chercher sur l'Internet ce qui était en train de se passer"

Trente-trois morts sur un campus universitaire de Virginie - NOUVELOBS.COM | 16.04.2007
Le surveillant de sa résidence a frappé à sa porte vers 8h pour l'avertir de rester enfermée dans sa chambre.
"Ils nous ont enfermés", a-t-elle raconté. "Ils ont ensuite levé l'ordre temporairement, et le tireur a fait feu à nouveau", a-t-elle ajouté. "Nous étions tous enfermés dans nos chambres à chercher sur l'Internet ce qui était en train de se passer".

lundi 16 avril 2007

Josef Hoflehner, photographe autrichien

(www.josefhoflehner.com via MoonRiver dont le choix, plus pur, m'a coupé la chique.)

Libérer la parole?

Pourquoi je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy - Diner's room

Car il y a une jubilation dans le jeu de Nicolas Sarkozy avec les "tabous".
Ne l'a-t-on pas entendu souvent dénoncer les tabous de l'univers politique et de sa langue ?
Certes. Et il est parfois utile de soulever la coquille d'une question encalminée.
Mais pour autant, le tabou n'est pas un mal en soi. Il impose de refréner ses pulsions. Le tabou a une fonction constitutive. Il permet à une société de se réunir autour d'interdits communs. Et la transgression du tabou n'est guère vertueuse
Aussi bien, glisser que les tabous devraient souffrir la transgression, c'est libérer la politique au champs des pulsions. De pulsions agressives. Car je renifle dans l'énergie de Nicolas Sarkozy une pulsion transgressive et agressive.

dimanche 15 avril 2007

Palerme et la Sicile occidentale, août 2000

Le week-end dernier, pour me changer les idées, j'ai importé sous Flickr les albums que j'avais mis sous Webshots à mon retour de Palerme, l'été 2000. Je pensais, l'autre samedi, que ça me prendrait une demi-journée, j'y ai passé en fait les deux jours mais ai rangé les photos, les ai classées et complétées, commentées, de sorte que l'album Palermo 2000 me fait un véritable petit journal de voyage.

27.08.2000 - Palermo, Ballarò

24.08.2000 - Tonnara di Bordonaro

26.08.2000 - Palermo, oratorio di Santa Cita, stucchi di Serpotta

samedi 14 avril 2007

Campagne présidentielle en Turquie

Répercutant une dépêche Reuters, le Monde d'aujourd'hui titre aujourd'hui à 14:04: "Grand rassemblement laïque contre Tayyip Erdogan à Ankara" (dans l'article qui suit, à 14:31, l'adjectif "laïque" tombe).

Pour les cerveaux reptiliens identitaires qui associeraient: Turquie = islamisme = al-Qaida = dictature = nationalisme = génocide arménien = Mal vs. laïcité = démocratie = tolérance = gauche = Bien, il convient de préciser que le mouvement laïciste s'opposant à l'éventuelle candidature de Recep Tayyip Erdogan à la présidence de la république est soutenu par l'armée, responsables de 3 coups d'Etat depuis 1960, que ce mouvement n'est pas seulement laïciste mais aussi nettement nationaliste. (Pour une analyse plus subtile, voir l'article de Michel Marian dans Esprit de juillet dernier.)

Extraits:

Le Monde > Grande manifestation contre le premier ministre turc à Ankara:
Les organisateurs, des associations menées par l'Association de la pensée d'Atatürk, ont affirmé qu'un million de citoyens de tout le pays avaient rallié leur "marche pour la République", une des plus vastes manifestations que la Turquie ait connues. Deniz Baykal, le chef du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, centre-gauche), et Zeki Sezer, le président du Parti de la gauche démocratique (DSP), participaient à la manifestation.
...
A son entrée dans le Mausolée d'Atatürk, qui a été le premier président
de la Turquie, de 1923 à 1938, la foule a longuement applaudi la relève
de la garde d'honneur en faction dans l'édifice.
"La nation est fière de vous", a-t-elle scandé en direction des soldats.
...
Les manifestants ont déployé des banderoles sur lesquelles était écrit "la démocratie ne signifie pas qu'il faut tolérer la réaction (islamiste)"
...
"Ils veulent transformer lentement la Turquie en un Iran ou en une Arabie Saoudite", a déclaré à l'AFP Mehlika Erecekler, une institutrice à la retraite. "Mais ils ne le peuvent pas parce qu'ils ont peur de l'armée. Nous soutenons l'armée".
...
De nombreux défenseurs de la laïcité rejettent fermement l'idée qu'Emine Erdogan, la femme voilée du premier ministre, puisse devenir la première dame du pays.
(aussi)

Nouvelles d'Arménie > L’armée turque souhaite un prochain président attaché à la laïcité:
Le chef d’état-major turc, le général Yasar Büyükanit, a souhaité jeudi que le prochain président de la République, qui doit être élu en mai par le Parlement, soit loyal aux valeurs Républicaines, dont la laïcité, "dans la pratique et non pas seulement en paroles".
...
L’armée, qui se considère la garante des principes laïques, a mené trois coups d’Etat depuis 1960 et a "débarqué en douceur" en 1997 le gouvernement du pionnier de l’islamisme en Turquie, Necmettin Erbakan.
Nouvelles d'Arménie > Manifestation de nationalistes turcs pour dissuader Erdogan de briguer la présidence (à propos d'une manifestation dimanche dernier):
"Non à un président mondialiste, pro-américain, pro-Union européenne, pro-dialogue et pro-minorités", pouvait-on lire sur la principale banderole de la manifestation, réunie à l’appel du collectif "Main dans la main pour la République", réunissant plusieurs associations nationalistes.
...
Les manifestants, revêtus de maillots aux couleurs blanc et rouge de la Turquie, ont déployé deux drapeaux turcs géants et scandé des slogans tels que "non à l’impérialisme américain et à son valet Erdogan", "la patrie est indivisible" ou "heureux celui qui peut dire ’je suis Turc’".
On remarquera que les slogans et les symboles sont ceux qui avaient été utilisés lors des contre-manifestations nationalistes suivant les obsèques de Hrant Dink (Hepimiz Türk'üz).

On se permettra de proposer deux méditations:

1/ s'exotiser le regard lorsque l'on regarde la Turquie, ie se rendre compte que la réalité du monde n'est pas réductible aux cadres idéologiques forgés par l'histoire politique nationale,

2/ retourner ce regard exotisé vers la France pour se rendre compte que la réalité nationale n'est pas si totalement différente de la réalité turque (exemple: utilisation conjointe par la gauche et l'extrême-droite de l'identité nationale et du drapeau contre le centre-droit, similitudes et différences).

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Ben vote Bayrou

2007-04-11
Bonjour ici Ben

Je faisais partie des fameux 40% d'indécis

Et voilà que je prends position pour Bayrou
...
JE SUIS POUR BAYROU CAR

face au discours "drapeau français "de Ségolène

Face au refus de Sarkozy de signer la charte des langues minoritaires

Face au refus de Marine Le Pen de voir enseigner le breton

Bayrou reste le seul candidat
qui accepte et soutient l'idée de l'épanouissement d'une diversité culturelle des minorités nationales en France ...
JE SUIS POUR BAYROU CAR
il a fait chanter "se canto" lors de son investiture ...
JE SUIS POUR BAYROU CAR

il fut le créateur de la première Calandretta
...
JE SUIS POUR BAYROU CAR

il veut reformer l'ENA qui est devenu un moule à Jacobins centralistes
...
JE SUIS POUR BAYROU CAR
il est pour une Europe qui veut et peut empêcher la renaissance des impérialismes en contenant la reconnaissance du droit de tous les peuples et langues d'Europe à s'épanouir dans le respect les uns des autres

Voilà on ne sait jamais

Peut-être qu'un jour je me dirai

Tu as eu tort Ben

mais voila pour le noment
JE SUIS POUR BAYROU
(dernière newsletter de Ben, avec ce lien vers les propositions de François Bayrou concernant les langues régionales)

Génétique et sexualité dans le NYT / errances de la communication anti-sarkoziste

Pas de Deux of Sexuality Is Written in the Genes / Nicholas Wade, New York Times du 10 avril:
En matière de désir, l'évolution laisse peu de place au hasard. Le comportement sexuel humain n'est pas une performance libre, selon les découvertes de biologistes, mais il est gouverné, à chaque étape, par des programmes génétiques.
Pas que je prenne le NYT pour vérité révélée mais juste pour suggérer que le scandale soulevé par les réponses de Nicolas Sarkozy à Michel Onfray - dont il faudrait relire l'article [extraits], estomaquant de sectarisme (self-righteousness suffisante plus exactement) - n'est peut-être pas un angle d'attaque très pertinent. Et plus précisément qu'à s'engouffrer sur le terrain des identités au lieu de combattre sur le terrain des faits - contrôle des médias, collusions, traitement de l'immigration, politique sécuritaire en trompe-l'oeil - réellement inquiétants la gauche a enfourché le mauvais cheval. Mais il se fait que le cheval identitaire permet de combattre Bayrou, et tant pis si au bout du compte on élargit la voie au projet busho-poutino-berlusconien (pour le dire vite) de Nicolas Sarkozy.

Sur une opération similaire (la rumeur), Daniel Schneidermann:

Je pense avec tristesse que Marianne a raté une occasion. Je pense que, s’ils avaient voulu donner à leurs lecteurs une bonne raison de ne pas voter Sarkozy, ils auraient mieux fait de publier le rapport de la CIMADE sur la régularisation des sans-papiers (à propos, vous l’avez lu ? Intégralement ? Il n’est pas trop tard). Un texte plus long que celui de Marianne, sans une injure, sans un gros mot, un texte qui nous attire et nous capture dans le silence de la réflexion et de la honte, plutôt que de nous faire rebondir, comme des balles de ping-pong affolées. Ne pas vouloir confier les clés de l’exécutif au ministre qui a créé cette situation-là, est une raison suffisante.

Voilà, au fond, ce que je reproche au dossier de Marianne. En privilégiant de mauvaises raisons de ne pas voter Sarkozy, ils laissent penser que les bonnes pourraient n’être pas suffisantes. Qu’un homme politique ait mauvais caractère, franchement, je m’en fiche. Un homme politique, c’est uniquement la somme de ses paroles publiques, et de ses actes. Et dans le cas qui nous occupe, il y en a largement assez pour faire bon poids, sans qu’il soit besoin d’aller chercher autre chose.

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mardi 10 avril 2007

Mario Vargas Llosa sur l'identité nationale

Belle citation choisie et traduite par Alexandre Delaigue (d'éconoclaste):
Je ne nie pas que les gens qui parlent la même langue, qui sont nés et vivent sur le même territoire, qui rencontrent les mêmes problèmes, qui pratiquent les mêmes religions et coutumes, ont des caractéristiques communes. Mais ce dénominateur commun ne peut jamais définir en totalité chacun d'entre eux, car il ne fait qu'abolir, ou reléguer de façon dédaigneuse au second plan la somme de traits et d'attributs uniques qui distinguent un membre des autres membres du groupe. Le concept d'identité, quand il n'est pas employé à l'échelle d'une personne, est de façon inhérente réducteur et deshumanisant; c'est une abstration collectiviste et idéologique qui néglige tout ce qui est original et créateur dans l'être humain, tout ce qui n'a pas été imposé par l'héritage, la géographie, ou la pression sociale. Mais la vraie identité prend sa source dans la capacité des humains de résister à ces influences, et de les contrer par des actes libres de leur propre invention... La notion "d'identité collective" n'est qu'une fiction idéologique et le fondement du nationalisme.

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Bayrou-Sarkozy: Back to the future

lundi 9 avril 2007

Pâques sur France-Culture

"Christ est resuscité, alleluia!" ("Christ"! D'où ça vient ça? Depuis quand, parmi les catholiques, "Christ" est devenu un nom propre? C'est Tacite qui croyait que "Christ" était le nom du Christ Jésus, par ignorance. Sans doute de l'oecuménisme: ça fait assez prédication évangélique...).



Hier Olivier Germain-Thomas reçoit Jean-Claude Guillebaud pour Comment je suis redevenu chrétien. Ce matin, c'est Paul Thibaud qui est reçu pour parler des racines chrétiennes de l'Europe, et en ce moment, le Grain à moudre est intitulé "Penser le politique à l'ombre du religieux?", avec, entre autres, le même Jean-Claude Guillebaud. Il se dit plein de choses intéressantes, des avec quoi je suis d'accord, d'autres avec je suis très en désaccord mais assez vite je suis irrité, presqu'indigné. Aussi intelligent que soit le propos, j'ai l'impression d'entendre de la propagande. Plus exactement, des discours apologétiques, tout à fait légitimes, mais qui du fait d'être prononcés sur une chaîne publique, à l'occasion d'une fête officiellement fériée, deviennent une propagande insidieuse. Et, curieusement, de n'être pas prononcés dans le cadre d'émissions confessionnelles, ces discours me donnent une impression encore plus forte et irritante de propagande.



Où sont les laïcards intransigeants, prêts à descendre dans la rue pour défendre le droit aux caricatures? Où sont les vigilants prêts à se mobiliser contre les empiètements d'une religion lorsqu'elle s'appelle l'islam?



Rappel:

- la commission Stasi, à la suite des travaux de laquelle la loi sur l'interdiction des signes religieux ostensibles à l'école (qui n'est plus appelé que loi sur le voile, malgré les protestations des plus tartuffes de ses partisans à l'époque) a été promulguée, préconisait l'institution d'un jour de congé musulman (et juif, si je me souviens bien); cette préconisation n'a pas été suivie (plutôt moquée, si je me souviens bien), ce qui n'a pas soulevé grande protestation de la part des membres de ladite commission;

- un des arguments pour repousser cette préconisation argüait du nombre des jours de congés institués - je note que le lundi de Pâques n'est pas une fête liturgique et pourrait donc être remplacé sans dégâts;

- dans le cadre du service public, les religions chrétiennes catholique, protestante et orthodoxe, la religion juive et les croyances agnostique et athée (à tour de rôle) bénéficient d'un temps d'antenne le dimanche matin, alors que la religion musulmane (la deuxième de France, si je ne me trompe pas) n'en bénéficie d'aucun (compte tenu du fait que les positions clairement assumées par Abdelwahab Meddeb ne permettent en aucun cas de considérer "Cultures d'Islam" comme une émission d'expression musulmane; "Maison d'études" est certes une émission plus culturelle que religieuse mais à la différence de la précédente n'exprime pas une position critique à l'égard de la religion, modérément apologétique plutôt - d'ailleurs cette position intermédiaire de l'émission juive n'est pas insignifiante).



On voudra bien comprendre que je n'en ai pas ici après l'expression religieuse (je manque rarement l'émission de Victor Malka et écoute toujours avec intérêt "Orthodoxie" lorsque je me réveille assez tôt). J'en ai après l'hypocrisie et l'injustice.

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La baffe de 2002, épilogue.

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